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Auguste Herbin

Biographie Auguste Herbin

"Ce qui est important pour le perfectionnement humain c'est précisément de rendre visible ce qui a été presque toujours invisible. C'est ce que propose l'artiste qui renonce à la représentation de l'objet et rien ne pourra plus distraire le spectateur de l'effort qu'il devra accomplir s'il désire comprendre les oeuvres d'art pur." Auguste Herbin

Le peintre français Auguste Herbin naît à Quiévy le 29 avril 1882. Il décède à Paris le 31 janvier 1960.

Auguste Herbin passe sa jeunesse au Cateau-Cambrésis, petite ville du Nord de la France qui a aussi vu naître Matisse. Il y suit assidûment les cours de dessins industriels proposés par la municipalité et apprend le dessin technique et à main levée. Ses parents sont tisserands. Les tissus de laine aux dessins géométriques de rayures, écossais, carreaux… (Usine Seydoux) ont pu influencer sa passion pour la rigueur et la structure géométrique. Une bourse lui permet de s'inscrire à l'école des Beaux-Arts de Lille en 1901 dans la classe de Pharaon de Winter. Ses premières toiles assimilent les techniques postimpressionnistes et l'art minutieusement rendu et coloré des ciels et de l'eau de la Renaissance flamande.

Auguste  Herbin
Auguste Herbin dans l'atelier de Picasso


Herbin s'installe à Paris fin 1901. La construction frontale de ses toiles est une constante. La touche s'élargit influencée par Cézanne et Van Gogh. Dès 1905 le pinceau chargé de couleurs flamboyantes dessine directement sur la toile. Herbin séjourne en Corse en 1907 et y peint des toiles proches des oeuvres des expressionnistes allemands sans qu'y transparaissent d'aspects dramatiques. Cette même année, la rétrospective Cézanne au Salon d'automne est d'une importance majeure. Les paysages peints au Cateau ou dans les environs entre 1908 et 1910 vont participer aux recherches cubistes tout en conservant une profonde originalité. Herbin cerne les formes, d'un dessin beaucoup plus précis et géométrique qui soumet la couleur au contour. Il conserve la violence et l'audace de la couleur vive, à la différence de ses voisins du Bateau-Lavoir, Picasso et Gris. Le sujet reste très lisible car il ne décompose pas les formes. Il les aplatit, les géométrise et les simplifie. Sa renommée devient internationale. Il expose deux fois à Berlin en 1912 et à l'Armory Show de New-York en 1913 entre Braque et Gleizes. Il est acheté par les collectionneurs Wilhem Uhde, Chtchoukine et Morosov. Cette même année 1913, il séjourne longuement à Céret en même temps que Picasso, Max Jacob et Juan Gris. Il y peint des oeuvres majeures construites dans un registre de formes géométrisées dans lesquelles le sujet et la profondeur tendent à disparaître. Il les traite avec des touches de couleurs contrastées alternativement froides et chaudes.

La guerre est une période peu productive qu'Herbin passe à l'arrière du front et peint des camouflages d'avion. En 1917, il signe un contrat avec Léonce Rosenberg qui lui organise dans sa galerie de l'Effort Moderne, des expositions personnelles en 1918, 1921, 1922, 1924 et le fait participer aux expositions collectives. Comme tous les artistes de sa génération ayant vécu l'expérience du Cubisme, il s'agit pour Herbin d'en renouveler le vocabulaire mais aussi de tendre vers un art dans lequel interviennent des considérations idéologiques et sociales, un art qui soit l'expression des valeurs collectives de la modernité et qui permette une nouvelle utopie sociale. Il s'inscrit au Parti communiste en 1920.

L'art doit être monumental et total, unir peinture et architecture, monument et décoration, objet et sculpture. Les bois sculptés et peints réalisés en 1921 sont parmi les oeuvres les plus novatrices. Ils sont sculptés avec des techniques employées dans l'industrie par les modeleurs et sont faits d'une superposition de lames de bois découpé et peint ou en ciment.

Herbin poursuit un art épuré, s'appliquant à construire un nouveau vocabulaire de formes avec les figures primaires de la géométrie qui sera ensuite exploité dans l'Art Déco. Il sculpte ce qu'il appelle des "objets monumentaux".

Cette fantastique avancée vers un "art total" sera freinée par l'incompréhension du public et de la presse. Pendant quatre ans, à partir de 1922, Herbin retourne à une peinture figurative de natures mortes et de paysages pris dans des lieux où il séjourne : Monthier-Haute Pierre, Cassis, Vaison la Romaine, Céret, Sisteron, Le Cateau ; il développe un style qui se nourrit de Cézanne et de Van Gogh dans un premier temps, puis d'un art figuratif qui tente de s'approprier la réalité par une découpe précise des contours et une simplification de la perspective proche des recherches puristes.

A partir de 1926 et pendant les années 30, Herbin construit son oeuvre picturale, définitivement abstraite, sur la courbe, un rythme qu'il avait déjà privilégié et qui exprime le mouvement vital ou cosmique. Il peint des formes nettes et précises en aplat. Jusqu'en 1936, une épaisse ligne noire, comme un immense flux vital, envahit la toile dans une écriture souple et libre. Puis la palette devient plus vive et les volutes sont confrontées à des cercles, des carrés et surtout des triangles. Il fonde en 1931 le mouvement Abstraction-Création avec, en particulier, Vantongerloo, Van Doesburg, Hélion, Arp, Kupka. Herbin mène un combat en faveur d'un art humaniste qui exprime la libération sensible, morale et intellectuelle de l'individu créateur.

Les années 40 et 50 verront l'aboutissement et le développement majeur de son oeuvre. Nourri des écrits de Goethe et de Rudolf Steiner, Herbin cherche les grandes lois qui peuvent régir sa création. Il va inventer un "alphabet plastique" établissant des correspondances entre lettre, forme, couleur, et son. Par exemple, la lettre M correspond au jaune de baryte, à la forme triangulaire et à la sonorité "mi". Désormais ses peintures s'établissent à partir d'un mot. Elles font triompher la couleur posée en aplat lisse et sans modulation dans des formes qu'il géométrise - cercle, quadrilatère, triangle - sans lyrisme ni anecdotisme. Herbin atteint un art universel, de vérité et de liberté qui englobe les autres arts. Il sera Président du Salon des Réalités Nouvelles de 1946 à 1955 et aura une grande influence sur les artistes cinétiques de l'Après-guerre et sur tous ceux qui ont mené des recherches sur la couleur et l'abstraction géométrique.

Auguste Herbin est, avec Matisse, le fondateur du musée du Cateau-Cambrésis auquel il offre vingt-quatre oeuvres en 1956. Autre générosité exceptionnelle, Herbin offre aux enfants de la ville des oeuvres d'art monumentales dans le but d'intégrer l'art à la vie. Le vitrail Joie et la mosaïque Orphée transforment l'école primaire Herbin. Aujourd'hui, afin qu'il soit entièrement visible de tous, un deuxième état du vitrail d'Herbin est installé dans le nouveau musée.

"Toute l'action de la peinture réside dans le rapport des couleurs entre elles, dans le rapport des formes entre elles et dans le rapport entre les formes et les couleurs. (...) Ayant renoncé à la représentation de l'objet, nous avons renoncé en même temps à tous les caractères quantitatifs : poids, matières, proportions en trois dimensions, perspectives linéaires... Notre imagination ne pourra en aucun cas puiser dans ces caractères pour définir et enrichir la composition de l'oeuvre." Auguste Herbin

Expositions Auguste Herbin (sélection)



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