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Alberto Giacometti

Biographie Alberto Giacometti

"En 1925, à peu près, j'ai commencé à comprendre qu'il était impossible de faire une peinture ou une sculpture, telle que je la voyais, et qu'il fallait abandonner le réel. J'ai donc créé de mémoire – en dehors de la vérité – pendant dix ans. J'ai tenté tous les essais possibles de construction jusqu'en 1935, à peu près. Jusqu'à l'abstrait." Alberto Giacometti - Entretien avec André Parinaud, "Pourquoi je suis sculpteur", in Arts, n° 873, juin 1962

Le sculpteur et peintre suisse Alberto Giacometti naît le 10 octobre 1901 à Borgonovo, près de Stampa, dans le Val Bregaglia (canton des Grisons). Il est le premier enfant d'Annetta et de Giovanni Giacometti, peintre postimpressionniste reconnu. Deux frères et une soeur lui succèdent : Diego (1902-1985), Ottilia (1904-1937) et Bruno (1907). Alberto Giacometti décède le 11 janvier 1966 à Coire.

Alberto Giacometti
Alberto Giacometti


Après des études à l'école secondaire de Schiers près de Coire, Giacometti se rend à Genève où il fréquente quelque temps l'École des beaux-arts puis l'École des arts et métiers. En 1922, il s'inscrit à l'Académie de la Grande-Chaumière, à Paris, dans la classe du sculpteur Antoine Bourdelle.

En 1925, confronté à l'impossibilité de sculpter ou de peindre ce qu'il voit, il abandonne le travail d'après nature et se tourne vers un langage formel proche de l'abstraction et influencé par les arts premiers. L'année suivante, il s'installe rue Hippolyte-Maindron dans un lieu exigu qui lui servira de logement et d'atelier jusqu'à la fin de sa vie. Diego, son frère, y emménage également ; dès 1929, celui-ci l'assiste dans sa pratique artistique et devient, au fil des ans, l'un de ses modèles de prédilection.

L'exposition de deux sculptures plates en 1929 lui apporte une première célébrité et lui ouvre les cercles d'avant-garde. Il fréquente alors écrivains et artistes tels Michel Leiris, André Breton, Louis Aragon, André Masson et Jean Arp.

A partir de 1930, Alberto Giacometti s'associe aux surréalistes et participe à leurs expositions, réunions et publications. Man Ray présente Alberto et Diego au décorateur Jean-Michel Frank pour lequel ils réalisent nombre d'objets décoratifs.

En 1934, Giacometti revient au travail d'après nature dont il s'est détourné depuis 1925, ce qui le mène à la rupture avec les surréalistes. Une crise débute alors, qui se poursuit jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale : on assiste à un rapetissement des sculptures. La rencontre avec Isabel Nicholas, dont il s'éprend, influence son travail pendant la décennie à venir.

En octobre 1937, à Genève, sa soeur Ottilia meurt à la naissance de son fils, Silvio.

Le 31 décembre 1941, Giacometti quitte Paris occupé pour rejoindre sa mère et son neveu Silvio à Genève. Il s'installe peu après à l'Hôtel de Rive, rue de la Terrassière. Régulièrement, il effectue des voyages à Maloja et à Stampa. Il revient au travail de mémoire. Têtes et figures deviennent minuscules jusqu'à presque disparaître. Une rencontre majeure a lieu en octobre 1943 : Alberto fait la connaissance de celle qui deviendra sa compagne, Annette Arm (1923-1993), et son modèle féminin privilégié. En septembre 1945, Giacometti est de retour à Paris, dans son atelier de la rue Hippolyte-Maindron. La légende veut qu'il n'ait emporté, de son travail des années de guerre, qu'une boîte d'allumettes contenant quelques figurines.

De 1946 à 1949, après avoir lutté contre le rapetissement de ses sculptures, Alberto Giacometti semble désormais parvenir à y échapper. Dans un même mouvement, elles s'allongent toujours davantage jusqu'à devenir filiformes : "Femme debout" et "Homme qui marche" annoncent le style de la maturité.

A partir de 1950, la renommée d'Alberto Giacometti ne cesse de croître. Les expositions se succèdent, en France et à l'étranger. Il se tourne désormais vers la sculpture d'après nature et s'efforce de parvenir à une représentation plus naturaliste.

En 1956, le professeur de philosophie Isaku Yanaihara devient son modèle. Une nouvelle crise artistique s'annonce alors qui dure jusqu'en 1958 : la représentation du sujet, dans sa ressemblance, lui semble de plus en plus difficile à appréhender.

En 1958, Giacometti conçoit, pour la Chase Manhattan Bank, à New York, une composition de trois sculptures, un homme qui marche, une femme debout et une tête sur un socle. Ce projet ne verra jamais le jour ; cependant, les oeuvres créées à cette occasion connaîtront une existence autonome. Il rencontre une jeune femme prénommée Caroline, à Montparnasse, qui devient son modèle.

Dès 1960, Giacometti entame la série des Bustes d'Annette dont une version sera acquise par la Fondation Gottfried-Keller et déposée au Musée d'art et d'histoire de Genève, en 1966.

En 1962, invité à la Biennale de Venise pour une exposition individuelle, Alberto Giacometti reçoit le Grand Prix de sculpture. L'année suivante, Eli Lotar, photographe roumain dont il a fait la connaissance lors de son séjour à Genève, devient le modèle de ses dernières sculptures.

En 1965, la Fondation Alberto Giacometti de Zurich voit le jour. Si les expositions, les sollicitations et les récompenses se multiplient, son état de santé le contraint à subir des examens médicaux, en Suisse. Il est alors hospitalisé.

En 1966, Annette, Diego, Bruno et sa femme Odette ainsi que Caroline sont à son chevet. Il meurt le 11 janvier à l'hôpital cantonal de Coire.

"J'en avais marre. Je me suis juré de ne plus laisser mes statues diminuer d'un pouce. Alors il est arrivé ceci : j'ai gardé la hauteur, mais c'est devenu mince, mince... Immense et filiforme." Alberto Giacometti - Entretien avec Jean Clay, "Alberto Giacometti. Le long dialogue avec la mort d'un très grand sculpteur de notre temps", in Réalités, n° 215, décembre 1963

Expositions Alberto Giacometti (sélection)



Citations Alberto Giacometti

"Ce qu'il faut dire, ce que je crois, c'est que, qu'il s'agisse de sculpture ou de peinture, en fait, il n'y a que le dessin qui compte. Il faut s'accrocher uniquement, exclusivement au dessin. Si on dominait un peu le dessin, tout le reste serait possible." (Entretien avec Georges Charbonnier, 1951)

"Même dans la tête la plus insignifiante, la moins violente, dans la tête du personnage le plus flou, le plus mou, en état déficient, si je commence à vouloir dessiner cette tête, à la peindre, ou plutôt à la sculpter, tout cela se transforme en une forme tendue, et, toujours me semble-t-il, d'une violence extrêmement contenue, comme si la forme même du personnage dépassait toujours ce que le personnage est. Mais il est cela aussi : il est surtout une espèce de noyau de violence." (Entretien avec Georges Charbonnier, mars 1951)

"Pourquoi est-ce que j'ai le besoin, oui, le besoin de peindre des visages ? Pourquoi est-ce que je suis… comment est-ce qu'on peut dire ?... presque halluciné par les visages des gens, et cela depuis toujours ?... Comme un signe inconnu, comme s'il y avait quelque chose à voir qu'on ne voit pas au premier coup d'oeil ?" (Entretien avec Pierre Schneider, juin 1961)

"Plus une oeuvre est vraie, plus elle a du style. Ce qui est étrange puisque le style n'est pas la vérité de l'apparence, et cependant les têtes que je trouve les plus ressemblantes avec les têtes de n'importe qui que je rencontre dans la rue, sont les têtes les moins réalistes, les sculptures égyptienne, chinoise ou grecque archaïque, ou chaldéenne. Pour moi, la plus grande invention rejoint la plus grande ressemblance, cela me frappe l'été, quand je vois les femmes nues, elles ressemblent à des peintures égyptiennes, c'est-à-dire à l'art le plus symbolique et le plus reconstitué, le moins direct..." (Entretien avec André Parinaud, 1962)

"Si j'ai la courbe de l'oeil, j'aurai aussi l'orbite ; si j'ai l'orbite, j'ai la racine du nez, j'ai la pointe du nez, j'ai les trous du nez, j'ai la bouche. Donc le tout pourrait à la fin donner quand même un regard, sans qu'on se fixe sur l'oeil même." (Conversation avec Jacques Dupin dans le film Alberto Giacometti d'Ernst Scheidegger et Peter Münger, 1965)

Alberto Giacometti : site officiel



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