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Camille Claudel

Biographie Camille Claudel

"L'oeuvre de ma soeur, ce qui lui donne son intérêt unique, c'est que toute entière, elle est l'histoire de sa vie." Paul Claudel

Camille Claudel, femme sculpteur française, naît le 8 décembre 1864 à Fère-en-Tardenois dans l'Aisne de Louis-Prosper Claudel, conservateur des hypothèques et de Louise-Athanaïse Cervaux, fille d'un médecin de Fère. Elle décède le 19 octobre 1943 à Montdevergue, près d'Avignon dans le Vaucluse.

Le couple Claudel a quatre enfants : Charles-Henri, qui meurt à quinze jours, Camille, puis Louise (1866) et Paul (1868). Louis-Prosper Claudel est nommé à Fère-en-Tardenois, puis à Bar-le-duc. Chaque été, la famille vient passer les vacances à Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois, dans la maison de l'oncle, Nicolas Cervaux, curé du village. Dans cet ancien presbytère, Camille fait ses premiers modelages en terre glaise, Paul écrit ses premiers poèmes, Louise joue du piano. La forêt du Geyn alentour, exerce à travers les formes fantastiques de ses rochers, une influence profonde sur l'imaginaire des enfants Claudel et les unit dans une complicité artistique totale.

Camille Claudel
Camille Claudel


Le père est ensuite nommé à Nogent-sur-Seine, où Camille Claudel reçoit les conseils d'un jeune sculpteur nogentais Alfred Boucher, (lui-même élève de l'Ecole des Beaux- Arts à Paris, dirigée alors par le sculpteur nogentais Paul Dubois). Louis-Prosper Claudel est ensuite nommé à Wassy-sur-Blaise. Il a conscience d'avoir deux enfants de génie, dont il veut encourager le talent. Camille Claudel obtient de lui que la famille s'installe à Paris, où elle veut faire de la sculpture. C'est ainsi qu'en 1881, Monsieur Claudel reste en poste à Wassy, tandis que Madame Claudel s'installe au 135 bis Bd du Montparnasse à Paris, avec ses trois enfants. Camille Claudel a 17 ans, elle s'inscrit à l'Académie Colarossi, l'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts étant alors interdite aux femmes. Paul Claudel a 13 ans, il entre au Lycée Louis-le-Grand.

Très vite, Camille Claudel loue un atelier au 117 Rue Notre-Dame des Champs qu'elle partage avec deux étudiantes anglaises. Le sculpteur Alfred Boucher vient corriger leurs travaux, et lorsqu'il doit partir en Italie où il concourt pour le Prix de Rome, il demande au sculpteur Auguste Rodin de venir le remplacer. Tout de suite, Rodin remarque les "dons prodigieux" de Camille Claudel, et la fait entrer, en 1884, comme praticienne dans l'un de ses trois ateliers, où elle collabore avec lui à la réalisation de la Porte de l'Enfer dont il a reçu la commande (1881), et à sa sculpture "Les Bourgeois de Calais". Comme tous les élèves, elle fait les modelages des pieds et des mains, mais sculpte aussi pour elle-même "la Femme accroupie" (1885). La passion amoureuse des deux sculpteurs se confond vite avec leur complicité artistique au point que leurs oeuvres s'inspirent et se ressemblent. De 1886 à 1888, Camille Claudel sculpte "Sakountala", alors que Rodin vient de sculpter "Le Baiser" et réalise "L'éternelle idole". Rodin a 24 ans de plus que Camille Claudel, et vit avec Rose Beuret, la compagne de ses années difficiles.

Camille Claudel se consacre entièrement à la sculpture et présente, chaque année, ses oeuvres dans les salons réputés, où elles sont l'objet d'articles élogieux dans la presse. La plupart de ses sculptures sont déclinées en plusieurs versions et dans différents matériaux, - terre cuite, plâtre, bronze, marbre, onyx - elle a même l'audace de mêler l'onyx et le bronze! Sa relation amoureuse avec Rodin, marquée par des orages et des retrouvailles, durera 15 ans. Comme Camille Claudel vit encore chez ses parents, Rodin loue un manoir à Paris, "La Folie Neubourg" pour abriter leur amour. L'été 1892, ils se retrouvent et travaillent, côte à côte, au Château de l'Islette, où Camille Claudel fait la connaissance d'une petite fille qu'elle sculpte et surnomme "La petite Châtelaine" (1892). Cette année-là, Camille Claudel subit un avortement. Est-ce la raison profonde de leur première rupture ?

L'année 1893 correspond aussi au désir de Camille Claudel de prendre son indépendance artistique. Elle refuse de continuer à n'être considérée que comme l'élève ou la disciple de Rodin. Successivement, elle sculpte "La Valse" (1893), vertigineuse envolée qui contraste avec "Clotho" (1893) figure menaçante de la fatalité. Sa sculpture "L'Implorante" (1895) marque un tournant dans son oeuvre, puis vient "Le dieu envolé" (1895). Ses sources d'inspiration, venant jusqu'alors surtout de son histoire, vont s'élargir à l'observation de ce qu'elle appelle "les choses de la vie" avec "Les Causeuses" (1895) qui lui valent un énorme succès au Salon. "La femme lisant une lettre" (1897) et "Profonde Pensée" (1898) font partie de cette période.

La seconde rupture avec Rodin est définitive avec "L'Age mûr" (1898). Tandis que Rodin rencontre le succès à l'Exposition universelle de 1900, Camille Claudel commence un lent processus d'autodestruction. "Persée et la Gorgone" illustre son chant final et ressemble à une prémonition. En 1905, Camille Claudel reçoit enfin la reconnaissance de son oeuvre, avec l'exposition de ses sculptures à la Galerie Eugène Blot. Par ailleurs, son frère Paul écrit un très beau texte, "Camille Claudel, statuaire", qui paraît dans la revue "L'Art décoratif".

Son inspiration artistique va se tarir, elle sculpte encore, en 1905, une dernière version de "Sakountala ou L'Abandon", qu'elle intitule "Vertumne et Pomone", et une dernière sculpture "Niobide". Le manque d'argent, l'absence de commande d'Etat, la difficulté de vendre aux collectionneurs, des problèmes de santé croissants prenant la forme d'un délire de persécution, l'éloignement de son frère aimé Paul, son rejet de Rodin et sa suspicion à son égard, puisqu'elle l'accuse de lui avoir volé un marbre, tous ces facteurs et l'absence de traitements psychiatriques adéquats, renforcent son isolement et sa solitude profonde, la mettant définitivement en marge de la société. Son père meurt le 3 mars 1913, Camille Claudel est internée le 10 mars à l'asile d'aliénés de Ville-Evrard. Le diagnostic: "psychose paranoïde". En 1914, les aliénés sont transférés à l'asile de Montdevergues, près d'Avignon, où elle restera 30 ans. Elle refuse de faire de la sculpture, mais envoie des lettres déchirantes à son frère Paul, qui, retenu à l'étranger comme ambassadeur, viendra la voir quinze fois à l'asile, et à sa mère qui ne viendra jamais, pas plus que sa soeur, lui rendre visite. Elle meurt en pleine guerre, le 19 octobre 1943.

Après 1908, son oeuvre n'est presque jamais présentée, à l'exception de deux expositions des "Femmes peintres et sculpteurs", en 1934 et 1936, qui présenteront quelques-unes de ses sculptures. En 1951, Paul Claudel rend hommage à sa soeur à travers une rétrospective de 36 sculptures au Musée Rodin et écrit, pour le catalogue, le texte "Ma soeur Camille". Les historiens d'art signalent sa mort en 1920. Son oeuvre va tomber dans un oubli total.

"Je lui ai montré où elle trouverait de l'or, mais l'or qu'elle trouve est bien à elle." Auguste Rodin

Expositions Camille Claudel (sélection)



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