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Rencontres : Arts Africains – Damien Hirst

J.B. Bacquart, Londres, expose à la galerie Etienne de Causans, Paris

Exposition du 8 septembre 2010 au 12 Septembre 2010

Les créations des artistes traditionnels africains et celles du célèbre artiste contemporain Damien Hirst partagent-elles les mêmes préoccupations intellectuelles et les mêmes solutions esthétiques ?

C'est à cette question que Jean-Baptiste Bacquart essaie de répondre en mettant en parallèle une vingtaine de statues et de masques africains datant des années 1880-1920, avec un ensemble des dernières créations de l'artiste contemporain anglais Damien Hirst.

La première impression que puisse donner la juxtaposition de l'oeuvre de l'artiste contemporain anglais Damien Hirst avec une sélection d'objets d'art Tribal est une surprise, voire une incompréhension.

Pourtant la mise en rapport de sa dernière série de multiples, intitulée « The Dead » et d'une série de masques, de statues d'ancêtres et de reliquaires Kota, fait ressortir de nombreux points communs, esthétiques autant qu'idéologiques.

En effet l'oeuvre de Damien Hirst est principalement le reflet d'une préoccupation avec la mort et avec l'au-delà, thèmes qui sont souvent présents dans les arts premiers.

Une des premières séries d'oeuvres de Damien Hirst, datée de 1991, est la présentation d'animaux conservés dans de grands bacs de formaldéhyde, un procédé qui permet de stopper le processus de décomposition lié à la mort. Cette idée est renforcée par le titre donné à l'oeuvre la plus célèbre de cette série: The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living.

De même, la fascination récurrente pour les papillons dans l'oeuvre de Damien Hirst est aussi une référence à la fragilité de la vie et à son caractère éphémère. Le papillon est en effet la créature qui symbolise le caractère évanescent de la vie.

Enfin, Damien Hirst est surtout célèbre pour avoir étudié et reproduit à de nombreuses reprises le motif du crâne, par le biais de la sculpture (comme dans le célèbre crane incrusté de diamants « for the Love of God » 2007) ou par celui de la peinture, comme dans la série de multiples présentée dans cette exposition.

Cette série, datée de 2009, est intitulée « The Dead ». Elle a été inspirée par la vision d'une gravure de Richard Hamilton intitulée “ Toaster”. Cette gravure, datée de 1967, utilise en effet la technique du papier métallique appliqué à la surface d'un multiple. Cette technique, retrouvée avec peine par Damien Hirst, a été réutilisée dans la série « The Dead » et poussée à son extrême avec la superposition de deux feuilles de couleurs différentes.

Le fait même d'avoir une série d'oeuvres représentant le même thème n'est pas nouveau. Monet a créé toute une série de cathédrales et de meules. Pourtant l'analogie la plus frappante de la série créée par Damien Hirst est avec l'oeuvre d'Andy Warhol (exemple : ses fameuses Marylin). En effet, avec ces deux artistes, la série d'images est absolument identique ; seules les couleurs varient et leurs oeuvres projettent une aura différente en fonction de leurs tonalités.

« The Dead » est donc un exemple important de la production d'un artiste majeur de l'art contemporain. Il est fascinant de voir que ces oeuvres résonnent avec les sculptures et les masques d'art premier, autant sur le plan esthétique que sur le plan idéologique.

- Damien Hirst et les masques :

Un des caractères frappant de la série « The Dead » est la représentation strictement frontale des crânes représentés par D. Hirst. Cette transcription frontale n'est pas sans rappeler les masques africains qui sont pour la plupart aussi des visages vus de face. Par exemple l'analogie entre le Masque Dan avec ses grandes orbites arrondies est frappante. De même le très rare masque Lindi de Tanzanie a une iconographie qui rappelle celle des crânes de Damien Hirst.

- Damien Hirst et les représentations d'ancêtres :

Après avoir mise en évidence les relations visuelles entre les oeuvres d'art Tribal et celles de Damien Hirst, ce dernier chapitre examine leurs relations idéologiques. La préoccupation créée par la mort, présente dans les représentations de crâne, est aussi une des idées sous-jacente dans la figuration d'ancêtres dans les tribus africaines. En effet, les ancêtres sont souvent tenus responsables du bien être du village et des villageois. Ces ancêtres sont vénérés, soit pendant des cérémonies d'initiation comme dans le cas de la très belle statue Nguni, soit dans des cérémonies spéciales ou les statues sont sorties de leurs abris et soumises au regard de tous. Un devin vient ensuite communiquer avec les ancêtres et leur faire parvenir les requêtes des villageois. L'importante statue Sénoufo Déblé présentée ici, symbolise les initiés vivants et décédés de la société du Poro, chargés entre autre d'organiser les funérailles des personnages Senoufo importants.

- Damien Hirst et les reliquaires Kota :

Le parallèle entre les oeuvres de Damien Hirst et les reliquaires Kota du Gabon est frappant. La réduction des volumes en un espace bidimensionnel et l'utilisation de feuilles métalliques rapprochent de manière étonnante ces oeuvres qui proviennent d'espaces et de temps différents.



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