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Daniel Buren

Biographie Daniel Buren

"On connaît Daniel Buren pour ses historiques raies de 8,7 cm de large, souvent noir sur blanc. Il a fait les colonnes de Buren, installation magistrale au Palais Royal, mais ça fait belle lurette qu'il a échappé au dictat de la raie. Il s'est renouvellé de manière extraordinaire en créant des environnements incroyables qui donnent des sensations. C'est un artiste conceptuel qui a réussi à échapper à la fatalité austère du conceptuel pour faire en sorte que le visiteur ressente des choses assez fortes." Judith Benhamou-Huet

L'artiste Daniel Buren, peintre et sculpteur français, naît à Boulogne-Billancourt le 25 mars 1938.

Daniel Buren réalise dans le monde entier des centaines d'oeuvres in situ qui soulignent, contrarient ou mettent en valeur les caractéristiques des lieux qui l'accueillent. Les oeuvres de Buren, qui se mesurent à un ensemble de questions liées à la perception, la couleur, l'architecture ou les relations spatiales, visent à permettre une perception directe et à provoquer une réponse sollicitant la sensibilité et la réflexion du spectateur. Son art envahit l'espace pour en révéler les limites à la fois spatiales, institutionnelles et esthétiques. Ni tableau, ni sculpture, ni architecture, ni décor, chacune des réalisations de Buren renouvelle le rapport entre l'oeuvre, le lieu et le spectateur.

Daniel Buren
Portrait de Daniel Buren - Auteur : Pantalaskas


"Si on veut voir avant de se faire le jugement, qui peut être négatif ou positif, il faut bouger. Donc effectivement il faut d'une certaine façon se perdre dans l'espace, car pour moi tout le lieu, tous les mètres carrés de cet espace sont aussi intéressants que les autres parce qu'ils ne donnent pas la même solution ou ils ne donnent pas la même interrogation. Donc effectivement le dispositif est fait pour bouger." Daniel Buren

De 1957 à 1960, Daniel Buren étudie au sein de l'Ecole des Métiers d'Art, puis fréquente brièvement l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Au début de son parcours artistique, il entreprend de nombreuses expérimentations sur la peinture, la sculpture et le cinéma. Les premiers travaux picturaux de Buren remontent à 1960. Il s'achemine ensuite rapidement vers une économie de moyens, mettant déjà en avant la neutralisation du contenu illusionniste de la peinture et l'indifférence au sujet narratif qui sont au coeur de sa démarche d'artiste.

"Je n'expose pas des bandes rayées, mais des bandes rayées dans un certain contexte" Daniel Buren

En septembre 1965, Daniel Buren découvre au Marché Saint-Pierre une toile de store rayée dont les composantes deviennent dès lors la base même de son vocabulaire artistique : une alternance de bandes blanches et colorées verticales de 8,7 cm de largeur.

Le choix d'un motif fabriqué industriellement répond parfaitement au désir d'objectivité de l'artiste, en lui permettant d'accentuer le caractère impersonnel de son travail. Dans un premier temps, Buren utilise cette toile banale comme support : il peint d'abord des formes organiques et aléatoires qui laissent apparaître les bandes en partie, puis réduit son geste jusqu'à ne recouvrir de peinture acrylique blanche que les deux bandes extrêmes.

Daniel Buren
Facade du Neues Museum à Nuremberg mis en couleur par Daniel Buren


En 1966, Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni créent le groupe BMPT. Leur pratique commune se fonde sur la répétition systématique d'un même motif et la volonté de peindre chacun à leur façon "le dernier tableau". Ce travail en commun prend la forme d'un véritable dispositif critique qui permet à Buren d'examiner les limites non plus seulement physiques de la peinture, mais aussi politiques et culturelles du monde de l'art. Le degré zéro de la peinture, loin de signifier pour Buren une fin de l'art, constitue dès lors l'axiome de départ de sa démarche.

Dès novembre 1967, Daniel Buren fait imprimer du papier rayé. Ce glissement du tableau à l'affiche et au papier peint constitue une rupture fondamentale dans son oeuvre, ces derniers lui permettant de recouvrir les surfaces les plus variées sur un mode d'intervention désormais infini. Buren s'affranchit alors du cadre imposé du tableau et forge la notion d'in situ, caractéristique d'une pratique intrinsèquement liée aux spécificités topologiques et culturelles des lieux où les oeuvres sont présentées. Buren procède à une analyse du lieu dans lequel il place ses bandes pour mettre en lumière leurs les plus signifiantes et les moins visibles.

En 1967, Buren procède à des "affichages sauvages" dans la rue. Il exécute également des distributions de tracts, des interventions dans le métro et des défilés d'hommes-sandwichs. Dès 1968, son exposition personnelle à la galerie Apollinaire de Milan et ses participations aux manifestations internationales «Prospect» en 1968 et 1969 à Düsseldorf, marquent le début de sa célébrité. Il commence ainsi à exposer dans les musées dans les années 70.

Buren est exclu de la Vème Exposition Internationale du Solomon R. Guggenheim Museum à New-York en 1971 par Donald Judd et Dan Flavin, pour avoir stigmatiser l'architecture dominante de Frank Lloyd Wright avec la suspension d'une pièce de tissu rayé de 200 m2 au beau milieu de la spirale centrale du bâtiment. Un an plus tard, lors de la Documenta V de Kassel, il tapisse de papier rayé les cimaises sur lesquelles sont accrochées les oeuvres des autres artistes.

En 1985 et 1986, Buren réalise son oeuvre la plus célèbre intitulée "Les Deux Plateaux", installation in situ commandée par l'Etat pour la cour d'honneur du Palais-Royal. Plus connue sous le nom de "colonnes Buren" cette oeuvre engendre une polémique nationale et établit la notoriété de l'artiste. En 1986 Buren obtient le Lion d'Or à la Biennale de Venise pour le prix du meilleur pavillon.

Buren commence à développer un travail plus tridimensionnel et une conception de l'oeuvre qui n'est plus objet mais modulation de l'espace. En 1975, la première "Cabane Eclatée" constitue un véritable tournant en accentuant l'interdépendance entre l'oeuvre et le lieu qui l'abrite par des jeux savants de construction et de déconstruction. Les cabanes se composent d'un module souvent carré dans lequel des formes géométriques sont découpées puis projetées sur les espaces alentour.

Depuis le début des années 90, la couleur n'est plus seulement appliquée à même le mur mais littéralement "installée dans l'espace" sous forme de filtres, de plaques de verre ou de plexiglas colorés. L'impression d'éclatement de l'oeuvre, accentuée par l'utilisation de miroirs réfléchissants, incite le spectateur à un déplacement non plus seulement du regard mais du corps tout entier.

"… les papiers découpés de Matisse apparaissaient déjà comme des feux d'artifice au milieu de l'art de son époque et éclatent littéralement comparés aux travaux d'aujourd'hui ! D'ailleurs, lorsqu'on se promène dans les musées d'art contemporain ou d'art moderne, la couleur apparaît si peu que lorsqu'au détour d'une salle apparaissent des oeuvres de Matisse, de Mondrian, de Newman, d'Albers (…) c'est toujours une surprise, un étonnement pour les sens, tant c'est rare…" Daniel Buren

Citations Daniel Buren

"Il est clair pour moi que le drame pour un artiste est de n'être jamais ou rarement invité à participer à des expositions. Cela finit toujours par se ressentir très négativement dans le travail."

"[...] La locution "travail in situ", prise au plus près de ce que j'entends par là, pourrait se traduire par : "transformation du lieu d'accueil". Transformation du lieu d'accueil faite grâce à différentes opérations, dont l'usage de mon outil visuel. Cette transformation pouvant être faite pour ce lieu, contre ce lieu ou en osmose avec lui, tout comme le caméléon sur une feuille devient vert, ou gris sur un mur de pierres. Même dans ce cas, il y a transformation du lieu, même si le plus transformé se trouve être l'agent transformateur. Il y a donc toujours deux transformants à l'oeuvre, l'outil sur le lieu et le lieu sur l'outil, qui exercent selon les cas une influence plus ou moins grande l'un sur l'autre. Le résultat en est toujours la transformation du lieu par l'outil et l'accès au sens de ce dernier grâce à son usage dans et par le lieu en question. "In situ" veut dire enfin dans mon esprit qu'il y a un lien volontairement accepté entre le lieu d'accueil et le "travail" qui s'y fait, s'y présente, s'y expose. Ceci vaut pour mon travail sans aucune exception, ici et ailleurs depuis 1965." "Du travail in situ, Du volume de la couleur", Cadillac, Centre d'art contemporain, mai 1985 (extrait), cité dans "Mot à mot", Centre Pompidou, Editions Xavier Barral, Editions de la Martinière, 2002.

Expositions Daniel Buren (sélection)



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