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Eric Baudelaire

L’ANABASE DE MAY ET FUSAKO SHIGENOBU, MASAO ADACHI ET 27 ANNÉES SANS IMAGES

La synagogue de Delme

Exposition du 20 mai au 25 septembre 2011




Eric Baudelaire réalise des séries photographiques, mais également des films et des installations qui mettent en jeu documents, archives, images préexistantes, ou textes. Ses travaux le situent au croisement du reporter d’image et de l’artiste-anthropologue, dans une recherche engagée sur le pouvoir des images.

Le centre d’art contemporain de Delme présente le dernier projet d’Eric Baudelaire : une installation retraçant l’épopée politique et personnelle de l’Armée Rouge Japonaise revisitée comme une anabase1, allégorie d’un voyage qui est à la fois une errance vers l’inconnu et un retour vers chez soi.

De Tokyo à Beyrouth dans la fièvre idéologique de l’après 1968, et de Beyrouth à Tokyo après la fin de la guerre froide, l’itinéraire de trente ans d’une frange radicale de la gauche révolutionnaire est raconté par deux de ses protagonistes. May Shigenobu, fille de Fusako Shigenobu qui a fondé l’Armée Rouge Japonaise, en a été le témoin intime. Née au Liban dans le secret, elle ne connaît que la clandestinité jusqu’à ses 27 ans, mais une nouvelle ère commence pour elle avec l’arrestation de sa mère en 2000, et son apprentissage d’une vie soudainement très publique. Le second personnage est Masao Adachi, réalisateur légendaire de l’avant-garde japonaise, qui a rejoint l’Armée Rouge et la cause palestinienne en 1974. Pour ce théoricien du fûkeiron, mouvement de cinéastes qui filmaient le paysage pour y révéler les structures du pouvoir, ses 27 années d’exil volontaire furent sans images, car celles qu’il tournait au Liban furent détruites pendant la guerre.

C’est donc la parole, le témoignage et la (fausse) mémoire qui structurent L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images. Deux récits croisés où se mêlent histoires intimes, histoire politique, propagande révolutionnaire et théorie du cinéma. Deux récits de clandestinité sans image où il est en permanence question d’images. Elles seront longuement absentes pour May Shigenobu avant de devenir le moyen de l’invention de soi lorsqu’elle commence sa vie publique. Elles sont le territoire d’une vie entière pour Adachi : même pendant ses années libanaises il pense la préparation d’une prise d’otage comme l’écriture d’un scénario, confiant aux médias, plutôt qu’à un chef opérateur, le rôle de faire les images d’après son script. Adachi abandonne-t-il un cinéma engagé pour un engagement sans cinéma, ou faut-t-il penser la révolution elle-même comme un film ? Aucun autre cinéaste n’était allé aussi loin dans ce brouillage des frontières entre la fiction et le réel.

Ici, l’anabase n’est pas seulement une allégorie géographique, elle est aussi politique et esthétique. L’errance de May, Fusako Shigenobu et Masao Adachi se situe entre Extrême et Moyen-Orient, entre les images du réel et celles de la fiction, entre engagement politique et fascination pour la violence. Leur parcours est symbolique du cheminement politique de toute une époque : la radicalisation d’un engagement vers la lutte armée, puis l’effondrement progressif du contexte idéologique des années soixante qui aboutit au Japon d’aujourd’hui, spectaculairement dépolitisé. Autant d’aller-retour que l’exposition place sous le signe de l’anabase tel que l’envisage le philosophe Alain Badiou dans son livre Le Siècle : « libre invention d’une errance qui aura été un retour, un retour qui, avant l’errance, n’existait pas comme chemin-de-retour ». Un mouvement laissant « indécidées, dans la trajectoire qu’il nomme, les parts respectives de l’invention disciplinée et de l’errance hasardeuse, (...) synthèse disjonctive de la volonté et de l’égarement.»

Aucune tentative didactique ou objective dans le projet d’Eric Baudelaire : il s’agit au contraire de laisser la place à des récits, en acceptant l’idée qu’une histoire du terrorisme d’extrême gauche ne peut être autre chose que la confrontation de narrations antagonistes, idéologiques, dans un brouillard de fantasmes, d’émotions, de douleurs et d’indifférences. Une écriture en chantier où langage et images sont chargés de sens éclatés et contradictoires. Le personnage de May Shigenobu permet d’aborder des questions liées à la construction de soi par l’idéologie, le mythe, le récit, le secret, et le besoin de trouver sa place dans un monde rendu plus complexe par l’effondrement de certitudes politiques radicales. La figure de Masao Adachi pousse à l’extrême les rapports complexes entre art et action, cinéma et révolution, terrorisme et engagement.

Adoptant le format d’une installation documentaire expérimentale, l’exposition comprend un ensemble de sérigraphies quasi-monochromes, un livret, et un film où les récits de May Shigenobu et Masao Adachi sont montés sur des nouvelles images fûkeiron, tournées en Super 8 dans les paysages contemporains de Tokyo et Beyrouth.

1 Dans sa chronique de la retraite des Dix Mille, Xénophon nommait Anabase un mouvement vers « chez eux » de gens hors lieu et hors-la-loi. Le terme symbolise l’effondrement de l’ordre qui donnait sens à la présence de mercenaires Grecs venus faire la guerre chez les Perses après la mort soudaine de Cyrus, leur commanditaire. L’armée grecque doit battre en retraite sans guide, sans connaître le chemin ; de héros ils deviennent des étrangers dans un pays désormais hostile.





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