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peinture

Ricardo Mosner
Béatrice Turquand d’Auzay

Espace Rachi, Paris

Exposition jusqu'au 30 décembre 2010


  • Ce qui frappe d’emblée dans la production foisonnante de Ricardo Mosner, c’est un esprit joyeusement expérimental, c’est le goût omniprésent du jeu. Ceux qui ont eu le privilège de feuilleter quelques-uns des nombreux "carnets" de tous formats qu’il accumule avec le temps, ont pu constater cette boulimie de recherches formelles. Ici l’improvisation, la diversité sont la loi, interdisant toutes redites, poussant toujours de l’avant. Têtes et silhouettes (le motif favori) donnent lieu à toutes sortes de simplifications ou de déformations savoureuses, riches de ressemblances insolites et de puissances d’évocation imprévues : tous ces personnages, nous les connaissons, parfois, souvent, mais pas sous ce délectable aspect d’idéogrammes drolatiques. L’imagination du dessinateur s’épanche en une calligraphie galopante, une forêt vierge de signes toujours nouveaux. On dirait les hiéroglyphes d’une page d’encre de chine d’Henri Michaux, mais qui auraient gagné en cocasserie et en lisibilité. On ne s’étonne pas que l’artiste aime les inventaires de têtes, sagement rangées comme sur les planches encyclopédiques, chaque visage souvent étiqueté d’un nom de fantaisie, histoire d’assouvir un imaginaire de raconteur d’histoires constamment en ébullition.

    La merveilleuse liberté qu’il épanouit dans ses carnets rejaillit avec bonheur dans ses toiles. Pendant qu’il libère les formes de toute inhibition, il entraîne les couleurs dans une folie dansante. "J’aime que la peinture garde le côté brut et spontané du dessin" déclare-t-il. Il opère une "greffe" parfaitement réussie entre la peinture ("rétinienne" comme la baptisa Duchamp) et le dessin libre et joyeux de la bande dessinée, ou l’art des graffitis de rues. Grouillements, fourmillements, foisonnements : parfois un entremêlement d’objets, comme tombés d’un cornet à dés, est prétexte à d’impressionnantes virtuosités graphiques, à la façon des poètes de music-hall auxquels on jette des rimes aléatoires et qui les amalgament immédiatement en un tout cohérent.

    Argentin, d’origine polonaise, de famille juive, Mosner a beaucoup vécu en Europe, bénéficiant d’un "mélange d’influences et de cultures dans lesquelles il peut se promener à son gré". Il est collaborateur régulier de l’émission "Des Papous dans la tête" sur France Culture, et auteur tout récent d’une fresque décorative (travail collectif à quatre mains) au plafond du restaurant La Coupole.

  • Le souvenir des deux guerres mondiales hante l’imaginaire de Béatrice Turquand d’Auzay, née en 1959. Ses deux grands-pères, l’un français, l’autre allemand, ont combattu l’un contre l’autre. Enfant, elle passe ses vacances dans la maison de ses grands-parents maternels, en Allemagne, à proximité de la frontière barbelée avec l’Allemagne de l’Est et de ce qui fut un camp de concentration nazi. Béatrice Turquand se sent comme "déracinée". L’absurdité des hécatombes de 14 et de 40, incarnée dans les contradictions familiales, oriente les rêveries de l’artiste vers l’évocation d’atmosphères "nuit et brouillard", que ne parvient pas à estomper la lumière du présent. Au fond de l’inconscient collectif gît la présence muette de tous les enfants sacrifiés, de tous les "disparus anonymes". Il lui faut fouiller ces limbes : qui étaient-ils ?

    Pour nourrir son inspiration, elle remonte aux sources, consulte les archives de la seconde guerre mondiale, contemple des photos d’enfants exterminés. Poilus couleur feuilles mortes, soldats mutilés, faits de bois peints et grattés, série des "tombés gefallen" en fil de fer et lambeaux de tissu, portraits d’inconnus, "surgis de l’ombre", visages graves aux grands yeux fixes ou mélancoliques, à la façon des portraits-médaillons du XIXe siècle, "Mémorial" (huile sur calque et raphia), assemblage de portraits d’enfants aux traits dilués, comme rongés et uniformisés par l’anonymat, grossièrement cousus ensemble, émergeant des cauchemars de l’histoire, luttant contre l’oubli… Sans aucun pathos, avec des moyens d’une surprenante simplicité, le plus souvent sur de petits formats, Béatrice Turquand d’Auzay suggère le pathétique et touche à l’émotion la plus authentique. Tel ce cadavre de "boche" en poupée de chiffon effiloché, liège et bouts de ficelle, cloué sur un socle de bois brut, aussi dérisoire qu’une bogue de châtaigne roussie ou qu’un cadavre de moineau . L’artiste recourt aux techniques mixtes les plus inventives : caséine (protéine du lait), pâte à bois, raphia, fil de fer, broderies, papier kraft, fragments découpés, présentés comme des reliques. Savant mélange d’ingénuité et de savoir-faire, Béatrice Turquand pratique ce qu’on pourrait appeler un art du frémissement. La fragilité et la modestie apparente des matériaux mis en œuvre évoquent avec une force singulière la fragilité des destinées humaines.

    Xavier Bureau



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