Exils

L’expérience essentielle de l’exil est commune à Pablo Picasso, Marc Chagall et Fernand Léger, à des moments différents de l’histoire, pour des raisons variées, aux conséquences à distinguer. Fondateur pour Chagall et Picasso, partis pour le Paris fascinant du début du siècle, l’exil sert à Léger d’aiguillon nouveau aux États-Unis, à partir de la Seconde guerre mondiale.

Autour de ces trois figures, l’exposition "Exils" organisée par les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes a l’ambition de montrer à quel point l’exil inspire de nombreux artistes, plus particulièrement dans la première partie du XXe siècle. Par leurs déplacements durables dans l’espace, voulus ou contraints, jamais indifférents, la vision de ces artistes s'en trouve transformée et leur façon de créer modifiée en profondeur. Cette présentation montrera en quoi les oeuvres doivent beaucoup à cet abandon déterminant de la patrie originelle, quittée un jour pour alimenter celle des autres en prenant dans ce nouvel ailleurs ce qui est bon à prendre.

Au Musée Chagall et autour de son art de réminiscences, qui revient sur les origines, seront présentés les artistes dont l’expérience de l’exil relève sensiblement du même phénomène : Brancusi, Brauner, Kandinsky, Lipchitz, Masson, Miró, Nussbaum ou Picasso...

Au Musée Léger et autour de son art de constructeur de nouveaux mondes, qui semble regarder avant tout vers l’avenir dans le dépassement du passé, seront exposés les artistes proches de cet état d’esprit : Arp, Magnelli, Moholy-Nagy, Mondrian ou Ozenfant...

Au Musée Picasso de Vallauris enfin, l’oeuvre de l’artiste arménien Melik Ohanian, ouvrira sur la condition contemporaine de l’exil en montrant qu’il est difficile de ne pas réfléchir aujourd’hui, plus que jamais peut-être, à la condition de l’exilé.

De passage à la Martinique où dut s’arrêter plus longtemps que prévu, sur ordre des autorités de Vichy, le cargo Capitaine Paul-Lemerle, après avoir marché dans la forêt d’Absalon, guidé par Aimé Césaire, en compagnie de Lam et de Masson, André Breton se souviendra de la Martinique charmeuse de serpents, sachant désormais mieux qu’avant son exil aux Amériques : "Où que nous soyons condamnés à vivre, nous ne sommes, du reste, pas totalement limités au paysage de notre fenêtre (...)"

L'exposition "Exils" est à voir du 23 juin 2012 au 8 octobre 2012.