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Les années parisiennes, 1958-1964

Christo et Jeanne Claude, Paris !

Article publié le 11/02/20 12:41

Centre Pompidou, Paris

Exposition du 1er juillet 2020 au 19 octobre 2020

La première partie de l'exposition Christo et Jeanne Claude, Paris ! est dédiée aux années parisiennes de Christo et Jeanne-Claude.

Christo (Christo Vladimirov Javacheff) et Jeanne-Claude (Jeanne-Claude Marie Denat) sont nés tous deux le 13 juin 1935, respectivement à Gabrovo (Bulgarie) et à Casablanca (Maroc). Christo fuit la Bulgarie communiste pour se rendre à Prague en 1956. Il parvient à s’échapper du bloc soviétique en 1957 en passant dans un premier temps par Vienne, puis par Genève, pour finalement s’établir en mars 1958 à Paris, où il rencontre Jeanne-Claude à l’âge de 23 ans. Malgré sa formation classique à l’Académie des Beaux-Arts de Sofia, Christo développe son propre langage artistique durant ces années parisiennes, en travaillant la surface, les textures, l’empaquetage d’objets et l’appropriation sculpturale de l’espace. Par la suite, il commence avec Jeanne-Claude à développer les projets temporaires monumentaux pour lesquels ils sont désormais célèbres.

À son arrivée à Paris, afin de gagner sa vie, Christo réalise des portraits à l’huile sur toile de familles de la haute société, signant la plupart de ces œuvres de son vrai nom, « Javacheff ». Dans la chambre de bonne qui lui sert d’atelier, il commence à créer ce qu’il appelle son Inventaire – un ensemble de boîtes en métal, de bouteilles, de caisses et plus tard de barils, empaquetés dans du tissu rigidifié par de la laque et ficelés, qu’il signe de son nom d’artiste, « Christo ».

Christo s’intéresse alors tout particulièrement au travail de la surface : « Il ne s’agissait pas tant de créer un objet, mais plutôt la texture de l’objet lui-même » dit-il. Les Surfaces d’Empaquetage résultent de ces expériences réalisées avec du papier, parfois du tissu, auquel Christo donne un aspect accidenté par des froissages et des plis qu’il rigidifie avec de la laque, la peinture venant rehausser les reliefs.

exposition christo
Édifice public empaqueté (Projet pour l’Arc de Triomphe, Paris), 1962-1963. Photomontage de deux photographies de Shunk-Kender. 25.2 × 70.8 cm. Collection de l’artiste © Christo 1962. Photo © Shunk-Kender


Dans la continuité de ces recherches, il créé la série des « Cratères ». Peu connue et présentée ici pour la première fois, elle se caractérise par une forte matérialité : le sable et la poussière mêlés à la peinture et à la colle créent un paysage lunaire qui envahit la surface de l’œuvre tout en ménageant aspérités et crevasses. Les Cratères réalisés par Christo peuvent être considérés comme une réponse au travail matiériste de Jean Dubuffet des années 1950 La plupart des Empaquetages caractéristiques de Christo sont réalisés entre 1958 et le début des années 1960, à partir d’objets du quotidien. Le tissu, dans un premier temps froissé et laqué, puis laissé à l’état brut, simplement attaché avec des cordes et des ficelles, fait peu à peu place au polyéthylène. La transparence et la rigidité sculpturale de ce film plastique en feront un matériau de prédilection pour l’empaquetage de statues et de modèles vivants.

Les premières œuvres de Christo dans l’espace public sont des structures temporaires, faites de colonnes ou d’accumulations de barils. La plupart de ces œuvres sont réalisées dans l’atelier dont l’artiste dispose également à Gentilly, en banlieue parisienne. « Je trouvais que les barils de pétrole ressemblaient déjà à des sculptures », dit-il, « Les tâches d’huile, les couleurs délavées, la rouille, les bosses – Je les trouvais fascinants, très beaux, car ils faisaient “vrais”.»

En réaction à l’édification du Mur de Berlin en 1961, Christo et Jeanne-Claude imaginent de barrer une des rues les plus étroites de Paris avec un mur constitué de 89 barils. Érigé dans la nuit du 27 juin 1962, le Mur provisoire de tonneaux métalliques – Le Rideau de fer, rue Visconti, Paris, 1961-1962, consitue leur deuxième intervention dans l’espace public.

Dès 1961, Christo et Jeanne-Claude envisagent pour la première fois d’empaqueter un bâtiment public (salle de concert, salle de conférence, prison, parlement...). À cette époque, Christo, qui habite non loin de l’Arc de Triomphe, réalise différentes études de ce monument dont le photomontage Édifice public empaqueté (Projet pour l’Arc de Triomphe, Paris), 1962-1963. Ce projet doit finalement voir le jour à l’automne 2020.

Fin 1962, Christo participe à l’exposition New Realists [Les Nouveaux Réalistes] à la galerie Sidney Janis de New York, alors l’une des plus prestigieuses galeries américaines. Le travail de Christo est à tort classé, dans le texte de présentation du catalogue, dans une démarche relevant du « ready-made ». L’association de Christo avec le Nouveau Réalisme, mouvement fondé par Pierre Restany en octobre 1960, n’a été que ponctuelle et l’artiste n’a jamais revendiqué son appartenance au groupe, malgré les relations amicales entretenues avec plusieurs de ses membres.

Avant de s’établir à New York en 1964 avec Jeanne-Claude, Christo débute de nouvelles recherches autour de vitrines et de devantures de magasins reconstituées dont il occulte l’intérieur avec du papier ou du tissu. Ce qui deviendra la série des « Store Fronts » confirme l’intérêt de l’artiste pour la dimension architecturale, constitutive des projets urbains développés par la suite avec Jeanne-Claude.

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