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Dans le blanc des yeux
Masques primitifs du Népal

Musée du quai Branly, Paris

Exposition du 09/11/10 – 09/01/11




Dans le blanc des yeux
Affiche de l'exposition Dans le blanc des yeux au Musée du quai Branly

Le musée du quai Branly présente un ensemble exceptionnel de 22 masques primitifs du Népal issus de la donation que le collectionneur Marc Petit a faite au musée en 2003.

Dans les collines du Népal se trouvent des sociétés tribales, à l’origine ni bouddhistes, ni hindouistes : les plus connues sont les Magar, les Gurung, les Tamang, les Rai, les Limbu. Depuis des siècles, elles utilisaient des masques, pour certains sans doute associés au chamanisme, qui subsiste de nos jours. Visages d'ancêtres, figures de personnages mythiques, démons et bouffons, ces masques sont le reflet de l'imprégnation du chamanisme et des croyances ancestrales dans la vie quotidienne et les rituels de ces sociétés tribales.

Mais ces masques n’ont guère été étudiés et on en sait peu de choses. Ils ont commencé à apparaître sur la scène mondiale il y a environ 30 ans, et ont frappé de rares amateurs par leur violente étrangeté. Parmi eux, Marc Petit, qui les a collectionnés et a compris le premier que leur brutalité résultait d’un art très audacieux. Il a fait don au musée du quai Branly de pièces exceptionnelles. C’est à lui et à son coup d’oeil que le musée du quai Branly rend hommage par cette exposition.

Masque Nepal
Masque anthropomorphe. Népal 19e siècle. Donateur : Marc Petit, 2003 © musée du quai Branly, Photo Thomas Duval

"Le motif qui sous-tend cette exposition est que la forme sourd, jaillit d'une matière inerte, que le masque est sculpté dans une masse informe et molle, laissant apparaître l'énergie du geste et du hasard. Le masque est la transfiguration de l'amorphe. (.../...) Chacun de ces masques est un individu unique, semblable à nul autre. Il faut le juger sur ses mérites propres et en dépit de son air récalcitrant. Ce n’est guère facile. Nous sommes plus volontiers émus par la douceur des formes et la régularité des styles que par l’intensité de l’expression. Ces masques fournissent l’antidote rêvé. Ils nous font sortir de l’ornière du goût commun. Ils nous rappellent que ramasser un bout de bois pour en faire un visage est un acte où la haine fait bon ménage avec l’amour." Stéphane Breton, commissaire de l’exposition, ethnologue et cinéaste

masque ancien
Masque anthropomorphe. Népal 19e siècle. Donateur : Marc Petit, 2003 © musée du quai Branly, Photo Thomas Duval

"Personne n’a encore vu ces objets-là, en dehors d’une petite société secrète d’esprits curieux. Entendons-nous, cela fait une bonne vingtaine d’années qu’on connaît leur existence ; mais jusqu’à présent, ils n’ont guère été identifiés collectivement comme l’ont été, depuis longtemps déjà, les créations des arts tribaux africains, océaniens et amérindiens. (…) Comme aux Romains, on attribue aux sociétés indoue et chinoise, ou bien encore au bouddhisme tibétain, le monopole des arts et de la civilisation. Toute expression archaïque est dévalorisée, méprisée, rejetée en marge des « grandes » cultures comme le sont, dans la société des castes, les populations tribales, mais aussi, dans une large mesure, paysannes, et tous les gens de métiers." Marc Petit, collectionneur

L’exposition est organisée en un seul pan, les 22 masques montrés de face comme de dos, mettant ainsi le visiteur face à une rencontre unique, dans le blanc des yeux.



Autour d’un masque
Gueule de bois

Qu’est ce que c’est ? – Une patate qui espère le couteau, la trogne rouée de coups d’un ivrogne, un crachat dans le creux de la main, un éclat de visage, un coup d’oeil qui nous porte un coup. Cette chose ressemble comme deux gouttes d’eau à une mauvaise rencontre. Nous sommes vus par quelqu’un que nous ne connaissons pas et qui se moque de nous. Je voudrais vous dire qui il est.

Nous ne savons presque rien de ce masque exceptionnel et de ses semblables venus des piémonts népalais de l’Himalaya, sans doute d’une région peuplée par les Magar ou les Gurung, sinon qu’il a été aimé longtemps par des gens qui ont pris soin de lui et l’ont caressé de leurs mains grasses, génération après génération, qui l’ont enveloppé dans des chiffons, placé au dessus du feu pour qu’il sèche et crie encore. Il a pris toute la saleté et la fumée du monde, il est imprégné de la sueur de tous ceux qui l’ont porté. Peu de choses savent être aussi resplendissantes de crasse.

Masque
Masque de danse, personnage masculin. Bois à patine brune. Népal, 19e siècle Donateur Marc Petit, 2003 © musée du quai Branly

Une chose est sûre : il ne s’agit pas d’un visage, mais d’une gueule. Sur cette terre, nous dit ce masque, les humains sont équipés d’une gueule. C’est tout à leur honneur et c’est aussi pourquoi nous en sommes. Une gueule est une chose privée de forme – molle et dure à la fois, mais pas aux mêmes endroits. C’est dire beaucoup sur le fond de notre âme. Elle intéresse particulièrement ce masque, qu’il faut sans doute expliquer à la lumière du chamanisme tibétain ou népalais, qui se mêle parfois au bouddhisme tantrique et qui a donné en Sibérie certains masques de feuilles aussi fragile que celui-ci est increvable. Les masques – qui font taire le visage de celui qui les porte – chassent toutes sortes de maladies de l’âme et de la chair.

Nous savons peu de chose de ce masque, sinon qu’il vient du fond des âges et qu’il n’est pas souriant. Les deux vont ensemble. Sa grande ancienneté nous dit que sa grâce étrange avait du prix, celui de la force et de la persistance. L’ignorance et la mémoire menacent notre regard émoussé par l’habitude – l’ignorance de ce que l’on ne connaît pas encore, la mémoire de ce que l’on a déjà vu.

Pas vu et pas pris par les ethnologues, ce masque baigne dans l’inconnu ; on n’y trouve pas l’amabilité plastique et parfois réconfortante de l’ "art primitif" ni le conformisme éclairé des formes.

Stéphane Breton



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