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Edward Hopper

Article mis à jour le 18/07/20 18:42

Fondation Beyeler, Riehen/Bâle

Exposition du 26 janvier 2020 au 20 septembre 2020

"Ce que nous montre Hopper ce n'est pas la statue de la Liberté, ce n'est pas non plus le Grand Canyon, ce ne sont pas les images les plus éblouissantes de l'Amérique mais vraiment une Amérique des bas-côtés, c'est-à-dire une Amérique des voies de garage." Yves Guignard, Par les terrains vagues avec Edward Hopper.



Initialement prévue du 26 janvier au 17 mai 2020, l'exposition Edward Hopper est prolongée jusqu'au 20 septembre 2020. L'exposition Hopper présentée à la Fondation Beyeler, située à Riehen, près de Bâle, en Suisse, est conçue comme une invitation à revisiter l'oeuvre de l'artiste peintre et graveur américain Edward Hopper (1882-1967), un des artistes majeurs du vingtième siècle. Une exposition-événement à ne surtout pas manquer.

exposition hopper 2020 bale
Edward Hopper, Cape Cod Morning, 1950. Huile sur toile. 86.7 x 102.3 cm. Smithsonian American Art Museum, Gift of the Sara Roby Foundation © Heirs of Josephine Hopper / 2019, ProLitteris, Zurich Photo: Smithsonian American Art Museum, Gene Young


L'exposition Hopper réunit 65 œuvres datant des années 1909 à 1965. Elle résulte d'une collaboration entre la Fondation Beyeler et le Whitney Museum of American Art de New York, musée qui détient la plus grande collection d'oeuvres de l'artiste américain.

Edward Hopper, peintre de l'American Way of Life, capte l'essence de la ville américaine. De ses oeuvres se dégage une atmosphère singulière. Edward Hopper est connu pour ses peintures où domine le calme et où transparaît une impression lourde d'ennui.

Edward Hopper est connu en Europe principalement pour ses peintures à l'huile de scènes de la vie urbaine produites dans les années 1920 à 1960, dont certaines ont acquis une popularité exceptionnelle. Jusqu'à présent ses paysages avaient reçu moins d'attention. Étonnamment, aucune exposition importante n'avait encore été consacrée au regard porté par Edward Hopper sur le paysage américain. La Fondation Beyeler présente une vaste exposition de paysages iconiques à l'huile ainsi qu'une sélection d'aquarelles et de dessins. C'est par ailleurs la première fois qu'une exposition est consacrée à Edward Hopper en Suisse alémanique.

Edward Hopper est né à Nyack, New York. Après une formation en tant qu'illustrateur, il étudie la peinture à la New York School of Art jusqu'en 1906. Outre la littérature allemande, française et russe, ce sont surtout des peintres comme Diego Velázquez, Francisco de Goya, Gustave Courbet et Édouard Manet qui fournissent des points de repère importants au jeune artiste. Bien que Hopper ait longtemps travaillé principalement en tant qu'illustrateur, sa célébrité repose surtout sur ses peintures à l'huile, qui témoignent de son intérêt profond pour la couleur et de sa virtuosité dans la représentation de l'ombre et de la lumière. Hopper a en outre su développer à partir de ses observations une esthétique dont l'influence se fait sentir non seulement en peinture mais aussi dans la culture populaire, la photographie et le cinéma.

L'idée de cette exposition a germé lorsque Cape Ann Granite, peinture de paysage d'Edward Hopper datant de l'année 1928, a intégré la collection de la Fondation Beyeler en tant que prêt permanent. L'œuvre a fait partie des décennies durant de la célèbre collection Rockefeller et date d'une époque à laquelle Hopper fait l'objet d'une attention croissante de la part de la critique, des commissaires d'exposition et du public. En 1929, il est notamment invité à participer à la deuxième exposition du Museum of Modern Art de New York intitulée Paintings by Nineteen Living Americans.



En histoire de l'art, le terme «paysage» signifie une image de la nature, par opposition à la «nature» elle-même, toujours changeante, qui ne peut être fixée sous forme d'image. La peinture de paysage donne toujours à voir l'impact de l'homme sur la nature, ce que les peintures de Hopper reflètent de manière subtile et multiple. Il établit ainsi une approche distinctement moderne à un genre pictural traditionnel. À la différence de la tradition académique, les paysages de Hopper paraissent illimités; par la pensée, ils sont infinis et ne semblent toujours donner à voir qu'une petite partie d'un tout gigantesque.

Les paysages américains de Hopper sont des compositions géométriques claires. Les éléments principaux sont des maisons, symboles de la présence de l'homme. Des voies ferrées structurent les images à l'horizontale et incarnent l'ambition humaine de conquérir l'immensité du territoire. Un vaste ciel et des ambiances lumineuses particulières - lumière éclatante de midi et lueur du crépuscule - font apparaître l'immensité d'une nature en mutation permanente même dans une peinture en vérité statique. Un phare peut ainsi devenir un point de repère dans l'étendue de l'océan et de la côte.

Les peintures de paysage de Hopper donnent l'impression qu'il s'y agit en fait d'une chose invisible, qui se passe en dehors du tableau, ainsi que l'illustre par exemple sa toile Cape Cod Morning (1950) : dans une fenêtre en baie, une femme au visage baigné de soleil scrute une chose qui demeure inaccessible au regard du spectateur parce qu'elle se situe en dehors de l'espace pictural. Les paysages visibles de Hopper ont toujours pour pendant des paysages invisibles et subjectifs, qui apparaissent à l'intérieur du spectateur. Comme toutes ses toiles, les paysages de Hopper sont empreints de mélancolie et de solitude. Il émane souvent d'eux une impression d'étrangeté et de menace. Hopper montre aussi dans son œuvre l'irruption parfois brutale de l'homme dans la nature, mettant en relation paysages naturels et paysages urbains. Hopper a contribué de manière significative à établir la notion d'une Amérique mélancolique, marquée aussi par les faces sombres du progrès – un espace immense et sans limites, grandement popularisé en particulier par sa reprise et son développement au cinéma dans des œuvres telles La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock (1959), Paris, Texas de Wim Wenders (1984) ou Danse avec les loups de Kevin Costner (1990).

"Hopper fondamentalement est un artiste rare, c'est-à-dire quelqu'un qui a très peu peint. C'est une icône absolue de l'Amérique, c'est quelqu'un qui appartient vraiment à l'ADN de cette nation, qui a marqué complètement l'histoire de l'art de ce pays, mais c'est quelqu'un qui paradoxalement a très peu peint." Yves Guignard, Par les terrains vagues avec Edward Hopper.

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