La première partie de l'exposition est consacrée au dialogue que Paul Cézanne entretient avec les maîtres italiens des xvie et xviie siècles tout au long de sa vie. Lecteur de Virgile, d'Ovide et de Lucrèce dans le texte, infatigable visiteur des musées du Louvre et d'Aix-en-Provence, Cézanne – qui ne fera jamais le voyage en Italie – se tourne dès ses débuts vers les maîtres de ce pays.
La seconde partie du parcours est dédiée à l'influence de Cézanne sur les peintres du Novecento. Soffici, Carrà, Boccioni, Morandi, Pirandello découvrent l'Aixois soit à Paris à l'occasion de la rétrospective posthume de 1907, soit en Italie où il est exposé dès 1908 et recherché des amateurs Egisto Paolo Fabbri et Charles Loeser, installés à Florence. Tous reconnaissent en Cézanne le passeur d'une certaine idée classique, un peintre de la permanence, et établissent un lien entre la solidité des primitifs italiens et le Français. Les Italiens rompent définitivement avec la peinture religieuse ou mythologique des anciens ; ils privilégient le dépouillement et la simplicité des thèmes cézanniens : paysages, figures et natures mortes. Le portrait d'enfant de Boccioni (collection particulière) fait écho à celui de Mme Cézanne (collection particulière). Cabanes sur la plage de Carrà (Turin, Galleria Civica d'Arte Moderna) et Paysage de Morandi (Aix-en-Provence, musée Granet) partagent l'atmosphère silencieuse, voire mystique de l'ultime chef-d'œuvre de Paul Cézanne, Le Cabanon de Jourdan (Rome, Galleria Nazionale d'Arte Moderna e Contemporanea). Les Cinq Baigneurs (Paris, musée d'Orsay) de l'Aixois offrent à Morandi en 1915 et à Pirandello en 1955 la matrice de leurs toiles sur le même thème. Enfin, les natures mortes de Morandi mises en regard de Nature morte, poire et pommes vertes (Paris, musée de l'Orangerie) résument à elles seules la portée métaphysique et silencieuse qui réunit l'œuvre de Paul Cézanne et celles des maîtres italiens du Novecento.