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De Turner à Monet

La découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIXe siècle

Musée des beaux-arts de Quimper

Exposition du 1er avril au 31 août 2011

Le Musée des beaux-arts de Quimper présente l'exposition De Turner à Monet. La découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIXe siècle.

Ce projet est né de l'acquisition récente par le musée de deux peintures : « Vue de Saint-Pol-de-Léon » de 1837 de Louise Joséphine Sarazin de Belmont, et « Le Chêne au dolmen dans la forêt de Brocéliande » de 1836 de Jules Coignet. Ces œuvres étaient jusqu'alors inconnues dans l'histoire de la peinture d'inspiration bretonne. Leur découverte permet aujourd'hui d'établir deux nouveaux jalons dans l'histoire du paysage entre De Valenciennes et Corot qui incitent à réétudier cette période, en particulier les déplacements des peintres à travers la Bretagne, le choix des sites, des thèmes et les évolutions au cours du XIXe siècle.

L'exposition De Turner à Monet a pour ambition de présenter pour la première fois une sélection de paysages peints en Bretagne durant le XIXe siècle. Depuis le Romantisme, cette province, plus que toute autre en France, a suscité un extraordinaire engouement auprès de peintres comme William Turner, Jules Coignet, Jean-Baptiste Camille Corot, Eugène Isabey, Johan Barthold Jongkind, Théodore Gudin, Charles Daubigny, Eugène Boudin, Emmanuel Lansyer, Léon-Germain Pelouse ou Claude Monet.

Alors qu'au XVIIIe la Bretagne était une sorte de terra incognita pour la peinture à l'exception des ports de Lorient, Saint-Malo et Brest où les artistes étaient envoyés en mission, elle suscite à partir des années 1830 un incroyable intérêt comme l'atteste le nombre de thèmes bretons que l'on peut relever dans les livrets du salon annuel parisien.

Dans le cadre du mouvement romantique, peintres et écrivains se lancent à la découverte de cette province isolée, de ses monuments mégalithiques, de son passé celtique, ses promontoires rocheux, ses petites cités médiévales, ses monuments religieux et les traditions d'une population qui semble primitive. La différence de langue et la forme même de la péninsule dans laquelle on s'enfonce ajoutent à l'impression d'exotisme.

Dans les années 1830-1840, après la mort de Chateaubriand et en parallèle avec l'édition des premiers albums lithographiques aux illustrations pittoresques, le phénomène de découverte va s'amplifier. Dans les années 1860, la construction de lignes de chemin de fer vers Quimper et Brest décuple le mouvement. Des colonies d'artistes se créent comme à Douarnenez ou Pont-Aven. La Bretagne est à la mode. Une bonne partie des peintres familiers des environs de Barbizon quittent l'Île-de-France pour la Bretagne dont les thèmes campagnards et les traditions, en particulier les représentations des pardons et des noces, plaisent aux amateurs. Cette attraction se poursuit durant toute la seconde moitié du XIXe siècle.

Dans les années 1860-1870, les thèmes campagnards sont progressivement remplacés par d'autres relatifs à la mer. Les peintres se regroupent en colonies dans des ports de pêche comme Cancale, le Croisic, Camaret, Douarnenez, et surtout Concarneau. Dans les dernières années du siècle, les comportements changent. Les peintres se lassent de l'ambiance des colonies et préfèrent explorer des régions peu connues et s'isoler pour travailler. La côte nord les retient comme à Saint-Briac ou Bréhat. Ils explorent les îles, la presqu'île de Crozon, le Cap Sizun. Ils découvrent le pays bigouden. Les sources d'intérêt ne sont plus les mêmes. Dorénavant les effets plastiques prédominent sur les sujets.

L'exposition De Turner à Monet présente 80 peintures, 50 dessins et quelques estampes, ainsi que des livres illustrés, sélectionnés à travers 40 collections publiques et privées de France, d'Allemagne, de Suisse, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Elle permet d'évoquer les choix de leurs auteurs, d'expliquer leurs déplacements sur le motif à travers la péninsule, de montrer l'évolution des lieux et des thèmes au fil du temps. Cette exposition couvre tous les aspects de la peinture du temps, depuis les premiers découvreurs et les peintres de marine des années 1800 jusqu'aux derniers feux de l'impressionnisme, en passant par les expressions romantiques, réalistes ou naturalistes. Elle prend fin par des marines de Claude Monet à Belle-Île en 1886, où le peintre travaille pour la première fois en série et par quelques œuvres d'Eugène Boudin de 1897, « à la limite de l'abstraction ». Des dessins et études peintes ponctuent le parcours, permettant de percevoir la démarche créatrice du paysagiste sur le motif.