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Honoré Daumier

Biographie Honoré Daumier

Le peintre, sculpteur, lithographe français Honoré Daumier naît à Marseille le 26 février 1808, de Cécile-Catherine Philip et de Jean-Baptiste Daumier, vitrier. Honoré Daumier est l'un des caricaturistes les plus mordants de tous les temps. Il décède à Valmondois en février 1879.

Les ambitions littéraires du père déterminent l'installation de toute la famille à Paris, en 1816.

Honoré Daumier, est embauché en 1820 dans le cabinet d'un huissier pour un emploi temporaire de "saute-ruisseau", soit l'équivalent du garçon de courses. Le souvenir de ce Petit Clerc, coiffé d'un chapeau haut-de-forme, sera évoqué plus tard par Daumier dans sa première lithographie de la série des Types Français (1835-1836). Sans esquisser un autoportrait, il semble vouloir symboliser son entrée dans la vie active, quelque peu apparentée à une introduction dans le grand théâtre de la vie.

Honoré Daumier biographie
Portrait d'Honoré Daumier par Nadar


Daumier fait ses débuts dans la presse, comme caricaturiste politique, au début de la Monarchie de Juillet. Ses premières planches sont publiées dans La Silhouette, hebdomadaire satirique illustré fondé en 1829, puis dans La Caricature et Le Charivari, deux journaux créés par Charles Philipon. D'abord marqué par l'influence de Charlet et de Raffet, Daumier commence à affirmer une écriture personnelle dans Un héros de juillet de même que dans la planche figurant Louis-Philippe en Gargantua qui lui valut un séjour de six mois de prison pour « offenses à la personne du roi ». Le motif de la poire, symbolisant Louis-Philippe, lui permet, avec la bénédiction de Philipon à qui l'on doit la création du motif, de poursuivre ses attaques contre le souverain. Cette opposition s'étend à l'entourage politique de Louis-Philippe dans la galerie des Célébrités de la caricature, une suite de portraits-charges des personnalités du juste milieu lancée par La Caricature en avril 1832. Daumier y affirme un style de plus en plus personnel. Le Ventre législatif, Ne vous y frottez pas et La Rue Transnonain, planches de dimensions supérieures aux autres, publiées dans l'Association mensuelle que Philipon avait créée en 1832 pour payer les amendes infligées au journal, mènent Daumier bien au-delà de la caricature. La Rue Transnonain n'est autre qu'un tableau d'histoire, « tableau qui, pour être peint en noir et sur une feuille de papier, n'en sera ni moins estimé ni moins durable » annonçait Philipon dans La Caricature. Cette page d'histoire sanglante, véritable allégorie réelle, préfigure le courant réaliste pictural.

Honoré Daumier
Honoré Daumier, "Sénard"


La loi sur la liberté de la presse du 29 août 1835 qui entraîne la disparition de nombreux journaux parmi lesquels La Caricature, contraint Daumier à abandonner la satire politique au profit de la caricature de moeurs. Le Charivari publie ses lithographies sous forme de séries comme Caricaturana qui décline les escroqueries de l'affairiste filou, Robert Macaire, et correspond, selon Baudelaire, à « l'inauguration décisive de la caricature de moeurs. » D'autres types de la société parisienne défilent sous les yeux des lecteurs du journal (Types parisiens, Moeurs conjugales, Émotions parisiennes) et les grandes séries des années 1840 telles que L'Histoire ancienne, parodies de l'Antiquité, Les Bas bleus qui ridiculisent les femmes écrivains, Les Bons bourgeois, les Locataires et propriétaires et Les Gens de justice, concentrent le meilleur du caricaturiste de moeurs de la Monarchie de Juillet. Alors que thèmes et motifs de prédilection apparaissent (transports en commun, intempéries, coin de rues, scènes nocturnes…), le style lithographique atteint sa maturité. D'un point de vue technique, de larges aplats d'encre noire rehaussés de griffures à la pointe ou à la pierre ponce émaillent les planches de cette période.

Les événements de 1848 redonnent à Daumier la liberté d'exprimer ses convictions républicaines dans la satire politique. Plusieurs planches de cette période parmi lesquelles Le Révérend Père Capucin Gorenflot et Le Dernier conseil des exministres représentant le retour de la République chez elle, retiennent l'attention de l'historien Jules Michelet qui compte parmi les admirateurs de l'artiste. A côté des portraits-charges de parlementaires (Les représentants représentés) qui font suite aux Célébrités du juste milieu, un nouveau personnage naît de l'imagination de Daumier : dans les lithographies précédant le coup d'état du 2 décembre 1851, Ratapoil incarne le type de l'agent de propagande bonapartiste.

L'avènement du Second Empire signe le retour à la caricature de moeurs. Entre les Actualités, les Croquis divers (parisiens, d'été, d'hiver, de chasse, musicaux, dramatiques, pris au théâtre, etc.) et les séries des années 1851-1865, c'est un véritable reportage lithographique de la vie quotidienne de l'époque qui naît sous le crayon de Daumier. On retrouve les thèmes et motifs mis en place sous la Monarchie de Juillet alors qu'un intérêt particulier pour le monde du spectacle apporte un contrepoint aux études de plein air, à Paris et dans la campagne des environs, qu'il continue de développer avec une virtuosité et une inventivité qui en font un précurseur des impressionnistes à part entière. Cette période est marquée par son renvoi du Charivari, entre 1860 et 1863, et sa collaboration passagère en 1862 au Boulevard, dirigé par Carjat. L'écriture lithographique, telle qu'elle apparaît dans les pièces de la courte suite A la brasserie, devient libre et franche, les aplats de noir griffés des années 1840 cèdent la place à l'expressivité du seul crayon lithographique.

Daumier Victor Hugo
Honoré Daumier, "Victor Hugo"


Après un régime autoritaire qui contrôle la presse, l'Empire libéral coïncide avec les dernières années de production de Daumier, pendant lesquelles il se livre à d'ultimes attaques politiques. Davantage tournées vers la situation internationale, ses lithographies de la série des Actualités de la fin des années 1860 mettent en scène une série de personnages allégoriques (Temps, Mort, Paix, Guerre, Diplomatie,…) qui, avec une économie de moyens saisissante, dénoncent les menaces extérieures et notamment la montée de la militarisation de la Prusse. La politique intérieure suscite des planches consacrées à la liberté de la presse et au droit de vote. L' « année terrible » voit la publication de planches dans lesquelles le recours à des symboles de plus en plus forts et à des allégories de plus en plus macabres laissent deviner l'étendue de l'amertume de l'artiste.

Honoré Daumier reste surtout célèbre dans les mémoires grâce à ses caricatures illustrant abondamment les pages des journaux satiriques du XIXe siècle. Dans son oeuvre, il fit le choix d'aborder des thèmes riches et variés, allant des attaques acerbes à l'encontre du pouvoir politique aux moqueries envers la bourgeoisie, ou, bien encore, en s'amusant des moeurs d'une société dans sa globalité. Grâce à son crayon incisif, à la vigueur dans l'exécution de ses dessins, il sut rapidement captiver l'attention d'un public large, en le sensibilisant à l'actualité, en le faisant simplement réfléchir sur des événements contemporains. Il fournit ainsi, pendant près de cinquante ans, une production foisonnante appréciée pour ses qualités esthétiques, constituant dans le même temps une documentation précieuse sur la société du XIXe siècle.

La vie, apparemment toute simple, d'Honoré Daumier s'effaça derrière une oeuvre qui accapara tout son temps et toute son énergie. L'artiste évoqua sa « charrette » quotidienne et perdit la vue à la tâche. Elle ne l'enrichit guère et Daumier connut des moments de grandes difficultés financières, tant au début qu'à la fin de sa vie. Raison pour laquelle il dut quitter le quai d'Anjou puis plus tard se retirer à Valmondois. Il eut toujours une tendresse pour les humbles, exprimée plus fortement dans ses peintures (La Blanchisseuse, Le Wagon de troisième classe) que dans ses lithographies.

La blanchisseuse Daumier
Honoré Daumier, "La blanchisseuse"


D'un naturel jovial, bon vivant, généreux, curieux de tout, capable d'indulgence et de malice mais tout autant de férocité devant la suffisance, la malhonnêteté et l'hypocrisie, Daumier fut l'homme des rencontres, des amitiés et des fidélités.

Il resta toute sa vie fidèle à son idéal républicain et à ses convictions, fondées sur la défense de la liberté de la presse, la lutte contre les injustices, la condamnation de l'égoïsme des nantis au pouvoir et de l'opportunisme (dont Thiers qu'il caricatura souvent fut l'incarnation honnie avec le plus de constance). Cette fidélité, la fougue de sa jeunesse, exprimée dans des charges et caricatures redoutables, sa joie d'homme mûr devant le retour d'une République ardemment désirée mais malheureusement éphémère, sa longue attente sous l'Empire, puis son ultime combat de vieil homme pour défendre un régime né de la guerre et fort menacé expliquent qu'il devint, peu après sa mort, légitimement et durablement, une véritable icône républicaine.

Expositions Honoré Daumier



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