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Larry Bell

Carré d'Art - Musée d'art contemporain de Nîmes

Exposition du 25 février – 22 mai 2011




Présentation de l'exposition Larry Bell à Nîmes


L’accrochage de l'exposition Larry Bell au Musée d'art contemporain de Nîmes met en perspective l’oeuvre de l'artiste aujourd’hui, d’un point de vue historique et avec la volonté d’en permettre une expérience sensible.

Le parcours est à la fois chronologique et thématique, articulé à partir de pièces essentielles et de quatre environnements forts qui donnent un éclairage nouveau sur le travail. Bien plus que l’artiste qui fait des cubes en verre, Larry Bell est un inventeur de génie, qui a su créer, à partir des matériaux de son époque : le verre des architectures et des miroirs, les caméras et appareils photos, la science-fiction et l’électricité, un univers magique, drôle et intelligent, un art de l’illusion utilisant les technologies les plus savantes, avec l’élégance de nous faire croire que c’est simple… Grâce à la confiance de l’artiste et de grandes institutions, un choix exceptionnel d’oeuvres uniques, qui pour la plupart sont montrées pour la première fois en Europe ou dans un musée, donnent à voir un parcours toujours guidé par la recherche visuelle et plastique.

« L’explorateur du temps (car c’est ainsi que pour plus de commodité nous l’appellerons) nous exposait un mystérieux problème. Ses yeux gris et vifs étincelaient, et son visage, habituellement pâle, était rouge et animé. Dans la cheminée la flamme brûlait joyeusement et la lumière douce des lampes à incandescence, en forme de lis d’argent, se reflétait dans les bulles qui montaient, brillantes, dans nos verres. Nos fauteuils, dessinés d’après ses modèles, nous embrassaient et nous caressaient au lieu de se soumettre à regret à nos séants ; il régnait cette voluptueuse atmosphère d’après dîner où les pensées vagabondent gracieusement, libres des entraves de la précision. Et il nous expliqua la chose de cette façon, insistant sur certains points avec son index maigre, tandis que, renversés dans nos fauteuils, nous admirions son ardeur et son abondance d’idées pour soutenir ce que nous croyions alors un de ses nouveaux paradoxes.
- Suivez-moi bien. Il va me falloir discuter une ou deux idées qui sont universellement acceptées. Ainsi, par exemple, la géographie qu’on vous a enseignée dans vos classes est fondée sur un malentendu.
- Est-ce que ce n’est pas là entrer en matière avec une bien grosse question ? demanda Filby, raisonneur à la chevelure rousse.
- Je n’ai pas l’intention de vous demander d’accepter quoi que ce soit sans argument raisonnable. Vous admettrez bientôt tout ce que je veux de vous. Vous savez, n’est-ce pas, qu’une ligne mathématique, une ligne de dimension nulle, n’a pas d’existence réelle. On vous a enseigné cela ? De même pour un plan mathématique. Ces choses sont de simples abstractions.
- Parfait, dit le psychologue.
- De même un cube, n’ayant que longueur, largeur et épaisseur, peut-il avoir une existence réelle ? »
La Machine à explorer le temps, chapitre Ier, « Initiation », dans Les Chefs-d’oeuvre de H.G. Wells, édition établie par Francis Lacassin, Paris, Omnibus, 2007.

Dès le début de l’exposition, le visiteur découvre une simple horloge, comme celle d’une gare, un objet banal que l’on ne regarde pas ; d’ailleurs, est-ce une oeuvre d’art ? Simplement, à certains moments, les aiguilles deviennent folles, perdent la mesure du temps et tournent de façon accélérée… En face, un costume d’homme est accroché sur un simple cintre de fer. En drap de laine, de teinte grisée, il semble empesé. Si l’on s’approche, on note qu’une épaisse poussière couleur de rouille le recouvre, tandis que ses contours sont bordés de silicone.



L’oeuvre de Larry Bell s’ancre dans une recherche sur la couleur et la lumière glissant sur la surface, d’abord du papier puis de la toile, ensuite du verre. La rencontre avec Robert Irwin, dont il suit les cours d’aquarelle, l’encourage à explorer les potentialités de la peinture. L’émulation et l’admiration pour des artistes tels Ellsworth Kelly, ses amis de la Ferus Gallery (Bill Al Bengston, Ken Price, Craig Kaufman, Ed Kienholz ou Ed Moses), en plus de ses amitiés avec Ed Ruscha le stimulent.

« Ma peinture était différente de celle de mes amis, parce que c’était la règle, on ne pouvait pas copier les autres. Tout ce qu’on faisait devait être personnel. Et on devait travailler dur dans ce groupe, on passait son temps à se défoncer. Aucune de ces règles n’était écrite mais il était évident qu’on devait jouer le jeu.(…) J’étais en quête d’une “image“. Je peignais à l’huile, à grands coups de pinceau, des formes toutes simples, abstraites, fluides. (…) » (in Première personne du singulier, exposition Larry Bell, cat. MAC, Lyon, 1989).

Dans les deux premières grandes salles, une sélection d’oeuvres des années 60 permet de suivre l’évolution du travail à partir de la surface tendue sur un châssis, les cheminements d’une recherche interrogeant la peinture dans sa matérialité : du plan au bord, de l’angle au mur. Des premiers travaux peints sur papier marouflé sur toile de la fin des années 50 aux grandes oeuvres composites de la fin des années 60, on voit l’évolution des investigations de l’artiste du plan de la toile à ses bords, jusqu’à son ouverture.

« Il me prit beaucoup de temps pour réaliser que mon oeuvre était davantage au sujet de la lumière et de la surface qu’au sujet du poids et de la masse. » dit Larry Bell (in Light vs Weight, Laguna Art Museum, Laguna Beach, 1988.)

L’incidence d’une réflexion première, à partir du constat que l’angle droit est la chose la plus courante dans le monde moderne, pas dans la nature. Abolir l’angle droit devient alors une des préoccupations formelles du travail. Lil ‘Orphan Annie, 1960, est la première grande toile qui pose cela.

Le travail ouvre un espace nouveau : celui du spectateur avec son reflet passager. Conrad Hawk, 1961, en est la première expérience sensible, avec l’ouverture du plan du tableau au mur.

Le verre et le miroir sont les matériaux privilégiés de ces explorations sur la surface et l’incidence lumineuse. De la première boîte (1959) venue du MOCA de Los Angeles, à qui elle a été donnée par Michael Asher, aux cubes des années 60 appartenant à la Tate Modern de Londres, on percevra les glissements de lumière, les jeux entre réflexions et transparence, la démultiplication de l’espace et sa fragmentation fractale. Les premières boîtes viennent de son travail chez un encadreur. Il les réalisait dans ses moments libres au magasin. « Quand on regardait dans la boîte, on voyait trois raies : la rayure proprement dite, son reflet et son ombre » (cat MAC Lyon, p10). Le carré, cube ou damier, cède parfois à l’ellipse de nouvelles vertus mathématiques et géométriques au service de l’illusion artistique. Larry Bell gratte une partie du film couvrant le verre pour rendre transparent certains endroits. Cela donne du champ à la lumière réfléchie par la surface et transmise de l’autre côté. Les ellipses varient de 40 ° à 25°, afin de donner des impressions de profondeur. « L’imagerie » cèdera la place aux parois lisses, car peu à peu c’est la rencontre des couleurs aux angles qui retient l’attention de l’artiste.

« L’oeuvre de Larry Bell incarne un paradoxe fondamental. Chacune de ses boîtes a la perfection conceptuelle et fonctionnelle de la machine, l’intransigeance autonome de l’objet tout en comportant une gamme de possibilités pour l’auto-annihilation de cet objet. Bien sûr, la présence de chacune est qualifiée ou niée par la construction de verre et de glace qui absorbe la réalité environnante. Mais son étourdissant éventail de modes et de nuances de réflexion et de transparence refuse par là la simplicité de la forme cubique, menace l’intégrité de la pureté des surfaces, enfin annule au moment où il est défini, le vide intérieur qu’elles établissent. Ces boîtes proposent une infinité de correspondances entre le réel et l’imaginaire, entre l’absence de relief et la profondeur, entre un sens de l’espace et un sens cinétique. » dit Annette Michelson dans son texte de 1967, présentant l’exposition de Larry Bell, Galerie Sonnabend à Paris.

Larry Bell a mené beaucoup d’investigations sur la perception et les procédés optiques faisant appel à la lumière et son incidence sur des formes à partir de phénomènes de projection. Jouant avec des principes mathématiques et géométriques et utilisant les technologies contemporaines, il crée des séries d’oeuvres qui perturbent notre appréhension des espaces. Entre illusion et apparition, la lumière, dont on ne sait pas la nature exacte à la fois ondes électromagnétiques visibles par l'oeil humain, est intimement liée à la notion de couleur.

La Corner Lamp crée une « mandorle » à partir d’un système très simple (une plaque de verre et un spot), produite par un réglage très précis. L’artifice ne se donne pas à voir immédiatement et nous sommes d’abord baignés dans un ensemble de sensations lumineuses colorées.

Les Vapor Drawings naissent à partir d’une expérience en 1978, alors que Larry Bell travaillait avec le sculpteur Eric Orr à l’élaboration d’un projet de commande publique Solar Fountain, il laisse une feuille de papier dans le « Tank », la machine qui lui permet de projeter des particules métalliques sur le verre (en anglais « coating »). Il réalise alors que le procédé fonctionne aussi sur d’autres matériaux, comme le papier. Plusieurs séries de « dessins de vapeur » se développent à partir des recherches de l’artiste sur le support papier.

Différentes épaisseurs, couleurs, textures donneront lieu à des variations iridescentes qui semblent bouger selon nos mouvements. Les New Vapor Drawings développeront d’autres aspects de ce principe, variant sur les cadres ou les plis du supports (NVD 7) La série des ellipses (EL 25) crée des variantes ovales de ce procédé. Un halo coloré semble émaner de la coupe d’un cône (l’ellipse étant la tranche d’un cône incliné), c’est l’effet de bascule qui est recherché. On peut penser au cône visuel et aux procédés perceptifs utilisés par les peintres classiques à partir des boîtes (on parle de perspective cônique du fait que les droites reliant l’oeil de l’observateur aux contours d’un objet forment un cône). Chaque Vapor Drawing porte un titre combinant une série de lettres et un numéro, comme EL 25, ce sont les premières lettres de mots qui forment une phrase dont nous n’avons qu’une partie. A partir du milieu des années 2000, Larry Bell travaille plus directement la notion de figure. Né par hasard de la combinaison de plusieurs éléments de papiers découpés sur la surface de la feuille avant « sublimation » (terme qui désigne le procédé consistant à projeter des particules de métal sur une surface de verre) des formes rappelant les contours de corps apparaissent à nouveau.

Time Machine est une installation de 2002 qui combine deux sièges de la série des chaises De Lux inventées par Larry Bell et un grand miroir elliptique. L’artiste propose pour cette présentation d’adjoindre deux tableaux réalisés après 2001 (XTTHOJ 32, 2001 et XTTHOJ 35, 2001). L’ensemble est une installation à expérimenter par deux visiteurs ensemble, chacun assis sur un siège d’un côté du miroir central. Un phénomène troublant se produit alors, qui perturbe notre perception de nous mêmes. Larry Bell nous invite à un nouveau « stade du miroir »….

La salle suivante présente plusieurs travaux liés aux questions de l’image et de la peinture. De grands formats, les Pink Ladies et les Mirages, jouent à nouveau de l’illusion perceptive et questionnent la formation d’une image sur une surface. C’est avant tout une méthode qui est à l’oeuvre et que l’artiste réinvente à chaque fois.

Les Mirage Paintings sont des grands collages sur toile que Larry Bell décrit sous le terme « assimilation paintings ». Elles ressemblent à des peintures mais sont en fait des images construites à partir de couches superposées de papier, de Mylar (film plastique) et de pellicules filmiques superposées. Tous ces matériaux étaient enduits avec la même technique que les panneaux de verre ou miroir, afin de recevoir des particules de métal et de quartz qui les rendent iridescents. Certains, comme Mine Shaft, 1988, reçoivent aussi des éléments réels comme une lame de rasoir. « Je les ai appelés Mirage Paintings parce les images furent créées avec de la chaleur et de la lumière. Les différentes couches de matériaux se mélangent pour tisser avec la lumière reflétée, absorbée et transmise, une tapisserie de couleurs et d’intéressants détails visuels. » (Larry Bell, cat. Larry Bell in Perspective, Carré d’Art, Nîmes, texte récemment envoyé à propos des Fractions)

La série des Fractions est un travail particulier, réalisé entre 1996 et 2000 selon un protocole qui tient à la fois du hasard et de la récupération. A partir de fragments d’abord jetés puis récupérés provenant des Mirage Paintings, l’artiste décide de produire 10 000 petits tableaux de même dimension. Chacun reçoit un collage combinant des fragments de tableaux et de particules de matériaux liés et collés ensemble sur le papier support. Peinture, collage, combinaison se mêlent pour créer des images vibrantes de petites dimensions. Un microcosme imaginaire est inventé et rejoué 10 000 fois.

Ensemble de six sérigraphies de grandes dimensions, les Pink Ladies sont un écho à une autre série de photographies de plus petites dimensions qui mettent en scène des jeunes femmes nues tenant des tasses. Ces séries sont présentées pour la première fois et notamment les photographies qui ont été tirées spécialement pour l’exposition. Elles n’existaient qu’à l’état d’ektachromes jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’une prise en considération d’un travail et de son actualisation au début du 21è siècle. Le thème est classique : une jeune femme nue présentée comme une tentatrice insaisissable (Eve ou la Source), le traitement est très original puisqu’il s’agit d’un procédé recouvert d’un flocage qui donne aux oeuvres un aspect velouté, renforçant l’envie de toucher les images. On peut penser à l’icône comme image chargée d’une aura particulière, dans la tradition de la peinture d’icônes et à considérer ces jeunes femmes comme des « Vera Icona », des figures voilées qui reçoivent l’image projetée. Comme la star de cinéma, l’icône devient l’écran où se projette le film. Leur dimension par ailleurs induit un rapport d’échelle poignant avec le visiteur. Larry Bell va plus loin que l’imagerie et transforme le stéréotype figé en une nudité revendiquée, telle une Moderne Olympia, qui révolutionne les standards. Le mouvement, la vision périphérique, évoquent la danse des voiles de Loïe Fuller et un état de révolution permanent qui dépasse l’image pop et actualise une vision : la femme qui avance. Consciente de sa séduction, elle nous regarde ou lance la tasse, le jeu est ouvert.

Cette relation à la Vera Icona et au mythe de l’image contact ou de la photographie comme indice ou preuve, est aussi travaillée dans les investigations de Larry Bell avec les appareils photographiques. A la recherche de la vision périphérique, celui ci inventa plusieurs systèmes qui permettent des captures d’angles très larges (140°).

La série des Poker Game forme une ligne horizontale qui présente une succession de petites images noir et blanc, qui rappellent les photogrammes d’un film. Celui ci, espace-temps, est donné par le mouvement du visiteur.

La série de photos des Pink Ladies ainsi que les Rollers présentent des problématiques similaires de saisi du corps en mouvement. La vision périphérique induit un mouvement des images et un doute quant à la présence–apparition-disparition des corps…

Gone but not Forgotten, 1969 est un très rare ensemble de quatre « étagères prismatiques (« prism shelves »). Les plans de verre sont fixés au mur de façon à ce que les angles biseautés produisent des prismes colorés que nous percevons selon nos déplacements et l’incidence lumineuse. A nouveau, l’artiste nous invite à faire l’expérience de la lumière dans sa matérialité colorée.

Installé pour la seconde fois, spécialement pour l’exposition de Carré d’art, The Leaning Room, 1986-1987 est une installation de grandes dimensions qui occupe la plus grande salle. S’interrogeant sur la perception intérieure des espaces sculpturaux, Larry Bell crée un environnement qui perturbe totalement notre rapport à l’espace. A partir de sa réflexion sur la lumière à l’intérieur d’un cube, il vide totalement une salle de son atelier à Venice et expérimente. Puis il crée la Leaning Room, au Temporary MOCA en 1986-87. Nous sommes désorientés car il est difficile de percevoir d’où vient la source de la lumière et parfois même nous perdons notre ombre…

A propos de ces expériences avec les nouvelles technologies, Larry Bell dit : « Les gens me demandent parfois pourquoi j'ai proposé des formes plus traditionnelles de ce soi-disant “technologie de l'ère spatiale“, sans se rendre compte que c'est vraiment deux questions. Et la première question est tout simplement une fausse piste, parce que je n'ai jamais abandonné les formes classiques. Les formes, les angles droits, les relations sculpturales de poids et de masse, l'interface de la lumière à la surface, sont autant de considérations classiques. D'autre part, le revêtement “'ère spatiale technologie“, le procédé de métallisation, a été seulement obtenu car j'avais besoin d'un moyen de faire un morceau de verre réfléchissant sur les deux côtés.»

Larry Bell crée spécialement pour l’exposition de Carré d’art une nouvelle grande installation, Dutch First and Last, à partir de deux pièces importantes : celle du Stedelijk Museum d’Amsterdam et First and Last, appartenant au MAC de Lyon. Un grand cube noir au centre d’une configuration de panneaux de verre propose des jeux perceptifs inédits. On voit son reflet et celui des autres apparaître. Les sculptures de verre de Larry Bell gardent toujours un rapport à l’échelle humaine, et engagent un rapport avec le corps des visiteurs qui l’oblige à penser l’espace, et à penser les formes de celui-ci avec les autres corps, absents et présents. Cela engage une réflexion sur la permanence et la disparition, sur l’illusion de la réalité.

« Est-ce qu’un cube qui ne dure pas pour tout le temps a une existence réelle ? » demande encore le voyageur du temps…



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