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peinture

L’Orientalisme en Europe
De Delacroix à Matisse

Centre de la Vieille Charité, Marseille

Exposition du 27 mai - 28 août 2011




Textes des salles de l'exposition

Article de Référence : exposition L’Orientalisme en Europe, De Delacroix à Matisse, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 2011.

« La Révélation m'est venue de L'Orient » Matisse

La fascination pour l'Orient traverse toute l'histoire de l'art européen. Elle a connu cependant au XIXe siècle un véritable âge d'or entre la campagne d'Egypte de Bonaparte et le séjour en Afrique du Nord que firent dans les premières années du XXe siècle les artistes qui allaient révolutionner le langage pictural.

L'orientalisme est indissociable du développement de l'expansion coloniale européenne. L'emprise grandissante des puissances européennes et le déclin de l'Empire ottoman qui avait uni du temps de sa splendeur les deux rives de la Méditerranée, ouvrirent des territoires dont l'accès avait été jusque-là difficile.

Pour des artistes en quête de renouvellement, ou tout simplement de dépaysement, le voyage en Orient devenait une autre voie possible de leur apprentissage. Les peintres fixeront très tôt les images du rêve oriental qui seront déclinées avec succès tout au long du siècle. Le harem, la ville arabe, le désert seront le théâtre d'un monde tour à tour sensuel ou cruel, fastueux ou misérable.

L'affirmation de la colonisation et l'amélioration des conditions de déplacement faciliteront la confrontation directe des artistes à la réalité des pays qu'ils visitent. Les fantasmes exotiques laisseront une place à la compréhension et au respect de cet autre qui avait d'abord paru si différent.

A la suite de Delacroix, ébloui par la découverte du Maroc en 1832, l'exaltation de la couleur et de la lumière resteront indissociables de la peinture orientaliste. C'est cette leçon que retiendront les grandes figures fondatrices de la modernité comme Matisse ou Klee. Chacun à leur façon, ils reconnaîtront le rôle fondateur de leur rencontre avec l'Orient.

  • La Campagne d'Egypte

    La campagne menée en Egypte par Bonaparte de 1798 à 1801 est considérée comme l'un des actes fondateurs de l'orientalisme européen du XIXe siècle. Une expédition scientifique composée de savants, d'ingénieurs et d'artistes accompagnait l'armée. Les publications issues du formidable travail d'inventaire du pays qu'ils découvrent auront un retentissement dans l'Europe entière. Le voyage en Egypte de Vivant Denon membre de l'expédition, et futur directeur du Louvre, qui paraît en1802, ou la monumentale Description de l'Egypte éditée en vingt volumes à partir de 1809, seront les ferments d'une passion pour l'Egypte ancienne qui n'a plus cessé depuis.

    Parmi les images qui illustrent ces ouvrages, celles des ruines colossales des monuments pharaoniques envahis par les sables frappent particulièrement l'imagination. Elles seront pour longtemps un des motifs de prédilection des représentations de l'Egypte (Werner, A l'entrée du temple d'Abou Simbel. Gleyre, Le Ramesseum, Thèbes). La célébration des premiers pas de la légende napoléonienne, (Guérin, Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire, Cogniet, La bataille d'Aboukir) familiarise dès le début du siècle le public à un type de représentation du monde oriental. Ainsi, dans la Halte de l'armée française à Syène peinte par Tardieu en 1812, sont déjà présentes des formules appelées à connaître un grand succès dans la peinture orientaliste : le désert de sable, les palmiers, une lumière éclatante, le pittoresque de la description du cadre de vie et des moeurs des habitants.



  • La première génération

    « L'orient est devenu pour les intelligences autant que pour les imaginations une préoccupation générale », déclarait Victor Hugo en 1829 dans la préface de son recueil de poèmes Les Orientales.

    Il faisait le constat de l'engouement de la génération romantique pour l'Orient. La conquête de l'Algérie à partir de 1830, les relations cordiales avec l'Egypte de Mehmet Ali ouvraient aux peintres l'autre rive de la Méditerranée, et nombreux seront ceux qui feront le voyage, comme Horace Vernet et Chassériau en Algérie, ou Marilhat en Egypte.

    Pour Delacroix, qui quelques années auparavant s'était imposé comme le chef de file de la jeune école romantique, l'Orient était depuis longtemps une préoccupation (Mort de Sardanapale). En 1832, il la concrétise enfin en accompagnant l'ambassade extraordinaire du Comte de Mornay auprès du sultan Abd el Rahman. Dès le débarquement à Tanger, c'est une révélation. La nature, la lumière, les couleurs, les hommes, tout est un perpétuel éblouissement. L'Orient se présente à lui comme l'Antiquité qui aurait conservé les couleurs de la vie. Il ressent également une énergie, une force qu'il exprime dans des scènes de combats ou de chasse que reprendront à leur compte bien des peintres (Chasse au tigre, Chasse au Lion, Combats de cavaliers arabes Chassériau)

    Dans La chasse au faucon de 1863, Fromentin rendait, l'année même de la mort de Delacroix, un mélancolique hommage à son art et à sa vision noble et poétique de l'Orient.

  • Le harem

    De tous les thèmes abordés par la peinture orientaliste, le harem est certainement celui qui aura connu la plus grande fortune. Depuis le XVIIe siècle, son image fascine et nourrit l'imaginaire occidental. A partir de récits décrivant plus ou moins fidèlement le sérail des sultans ottomans, se forme l'image d'un lieu clos, somptueux où vivent prisonnières un grand nombre de femmes soumises à la volonté et aux désirs d'un seul homme. Rien dans la réalité du monde islamique ne correspond à un tel univers mais la puissance évocatrice de cette fiction correspond si bien au fantasme d'une sensualité orientale exacerbée, qu'elle va parcourir sans peine toute l'histoire de la peinture orientaliste. La représentation du harem s'articule autour de quelques figures, l'odalisque nue et lascive, l'esclave noire, l'eunuque et le tout puissant maître des lieux. La scène de bain, qui a l'avantage de légitimer la nudité, en est l'indissociable prolongement.

    Ingres, qui ne fera jamais le voyage en Orient, ne cessera tout au long de sa vie de traiter le sujet depuis sa célèbre Grande Odalisque de 1814 jusqu'au voluptueux Bain turc peint à l'âge de 82 ans, privilégiant tout particulièrement le motif de la baigneuse.

    Gérôme va exceller dans la méticuleuse recréation de scènes de la vie du harem, comme la promenade ou le bain. Dans des décors faits de fidèles citations de l'architecture arabe ou persane, Il fait évoluer dans des situations plus qu'improbables des corps nus offerts à notre regard voyeur.

    Delacroix avait eu en de rares occasions la possibilité de pénétrer chez l'habitant, familles juives au Maroc, ou maison d'un ancien chef militaire à Alger. De ces brèves rencontres naîtront en 1834 Les femmes d'Alger dans leur intérieur. Dans les différentes variations de ce tableau, Delacroix proposera à l'opposé de l'imagerie conventionnelle, une vision poétique et silencieuse de ce monde secret. Renoir, Matisse ou Picasso en subiront encore l'influence.

  • L'Espagne, porte de l'Orient

    Pour beaucoup, l'Espagne sera le lieu de la première rencontre avec l'Orient. La redécouverte des monuments arabes de Cordoue, Tolède (Gartner, Ancienne mosquée à Tolède), ou Grenade suscite l'intérêt des écrivains et des artistes dès les années 1830. Le décor architectural du plus fameux d'entre eux, l'Alhambra, symbole des fastes de la civilisation arabe classique, sera la toile de fond de bien des peintures (Clairin, L’entrée au harem). La poésie du palais délabré sert également de cadre mélancolique à la confrontation de l'Espagne moderne à son passé mauresque évanoui (Achille Zo, Patio à l'Alhambra).

    Le palier des exécutions à l'Alhambra de Grenade de Boislecomte s'inspire d'un grand succès public du peintre Henri Regnault ; Exécution sous les rois maures de Grenade. Henri Regnault, grand admirateur de l'Alhambra, sera le premier des lauréats du prix de Rome à choisir de ne pas passer ses trois années obligatoires à la Villa Médicis, préférant en consacrer une partie à visiter l'Espagne et l'Afrique du Nord. Son esquisse d'un Espagnol aux traits hâlés semble matérialiser l'exotisme de cette Espagne à la croisée des deux mondes.

  • Le désert

    Le désert est le territoire emblématique du paysage orientaliste. Dès le début du siècle, il affirme sa présence singulière dans les images de la campagne d'Egypte, et la vision saisissante des monuments pharaoniques envahis par les sables.

    Une vue panoramique, la prédominance des tons jaunes sous un ciel uniforme seront les caractéristiques les plus communes de sa représentation. Dans un siècle où la question du paysage est au coeur des recherches picturales, le rendu de ces vastes espaces est un défi pour les peintres. La Mer morte, de Léon Belly qui évoque les lieux de la destruction des cités bibliques de Sodome et Gomorrhe, est un souvenir de l'expédition archéologique de Caignart de Saulcy à laquelle avait participé le peintre. Un tel paysage vide et solitaire reste pourtant exceptionnel. Par commodité, le désert est habituellement associé à un motif, le plus souvent celui de la caravane. Il est aussi par excellence le lieu du danger, et de la mort. Dans le Simoun, Portaels, représente une scène abondamment décrite dans les récits de voyageurs, celle des caravaniers se mettant à l'abri aux premiers signes de la tempête de sable.

    En publiant le journal de ses voyages vers El Agouhat dans le sud algérien, Un été dans le Sahara, en 1857 suivi d'Une année dans le Sahel en 1859, Fromentin s'est imposé comme un des grands écrivains du désert. Le Pays de la soif est tiré d'un drame rapporté à la fin de son premier récit : sous l'effet du vent du désert, l'évaporation avait fait éclater les outres d'une caravane entrainant dans la mort une partie des hommes et des animaux du convoi.

    Le titre du tableau était la traduction d'une expression arabe, Bled el Ateuch qui désignait le Sahara. La découverte de ce toponyme sur une carte pour signaler les terres inexplorées du désert au sud de l'Algérie avait agi sur le peintre comme un aimant.

  • La terre des religions

    Le voyage en Orient est aussi un pèlerinage. Les trois religions du livre, judaïsme, christianisme et islam y ont leur origine. A la suite d’écrivains comme Chateaubriand ou Lamartine, les artistes seront sensibles à la charge spirituelle des lieux où s'est déroulée l'Histoire sainte. Le quotidien des populations locales devient une source d'inspiration susceptible d'aider au renouvellement de la peinture religieuse. Les paysages bibliques ; la vie nomade des bédouins, les caravanes, les hommes, vont désormais servir de modèles. (Tissot, Les Rois mages en voyage). En 1848, le peintre Horace Vernet fera une communication à l'Académie des Beaux-Arts sur les rapports qui existent entre le costume des anciens hébreux et celui des arabes modernes.

    Les pratiques religieuses de l'Islam, l'architecture et le décor des lieux de culte, seront un matériel de prédilection pour les artistes orientalistes. Les réutilisations approximatives ou les approches fantaisistes, (Achille Zo, Le paradis du croyant) ne doivent pas dissimuler une admiration largement partagée pour une piété orientale, qui passait pour avoir conservé la simplicité et la pureté des origines. L'instruction Coranique est une des rares représentations liées à l'Islam qui soit l'oeuvre d'un musulman. Pourtant, en privilégiant le goût de la mise en scène anecdotique, le souci du détail décoratif, Hamdy Bey, peintre turc, formé à l'école des Beaux-arts de Paris, reprenait à son compte et non sans une certaine ironie, bien des travers de la peinture orientaliste.

  • La découverte de l'Autre

    Dès les premières relations de la campagne d'Egypte, l'approche ethnographique des peuples rencontrés suscite un intérêt général. Le retentissement d'un ouvrage comme Manners and Customs of the Modern Egyptians d'Edward William Lane paru en 1836, ouvre la porte aux études des populations des pays livrées à l'expansion occidentale.

    Sous l'emprise conjuguée de la science et de l'assimilation du mouvement réaliste, plus on avance dans le siècle, plus le regard des artistes veut se faire juste. Aux effets attrayants de l'imaginaire exotique, succède bientôt un orientalisme qui se veut plus descriptif. Il est aidé en cela par la multiplication des missions scientifiques qui se voient souvent adjoindre des peintres.

    Parmi les artistes sensibles à cette nouvelle approche se détache la figure du sculpteur Charles Cordier. Il obtient son premier succès au salon de 1848 avec le portait de Saïd Abdalla de la tribu Mayac, royaume du Darfour. On sait aujourd'hui qu'il avait fait poser pour ce buste le modèle Saïd Enkess, esclave soudanais affranchi qu'il avait rencontré dans l'atelier du sculpteur Rude. (Le moulage de son visage, récemment identifié, conservé au musée de l'Homme est présenté ici). Sous le second Empire, Cordier s'imposera comme le grand représentant de la sculpture ethnographique.

    En plein débat sur l'origine des espèces et la question des races, Cordier rejettera l'idée d'une hiérarchie des races, cherchant au contraire à mettre en valeur la beauté propre des types humains qu'il prend pour modèles, accordant la noblesse du buste à l'antique à ceux qui en avaient été jusque là exclus.

  • Conflit de genres

    Dans la seconde moitié du siècle, l'orientalisme, dont les codes sont désormais bien fixés, connait toujours une popularité croissante : les stéréotypes de la représentation occidentale de l'Orient triomphent dans de multiples variations sur la sensualité, l'opulence ou la misère, dans un décor redondant de tapis, d'armes, de narguilés sur fond de carreaux de céramiques. La palette des artistes privilégie l'éclat des couleurs vives exprimées sous les contrastes d'une forte lumière. Les sculpteurs, quant à eux, suivant une voie ouverte par Cordier, auront recours à la polychromie pour exprimer le luxe oriental. Alors que le voyage vers l'autre rive de la Méditerranée est devenu chose commune, les artistes consacrent un orient fantasmé et intemporel.

    Parallèlement, sous l'influence du réalisme puis du naturalisme qui triomphent au Salon, des artistes comme Guillaumet à Bou Saada ou Bompard à Chetma, partent à la recherche de territoires qui auraient été plus préservés des influences européennes. Leurs oeuvres présentent une autre vision du sud, à l'opposé de la fantaisie du rêve oriental. Des tons plus sourds, une lumière plus crue traduisent l'âpreté et la frugalité de la vie quotidienne dans les villes aux portes du désert. Ces images parlent mélancoliquement d'un Orient immobile, mais cependant lui aussi voué à bientôt disparaître.

  • Les modernes

    Depuis le début du siècle, la peinture orientaliste avait suivi l'évolution du langage pictural, il en sera de même au tournant du XXe siècle alors même que le genre paraît s'essouffler. Entre les années 1880 et 1914, les peintres associés au renouvellement du langage pictural, les anciens comme les plus jeunes, traverseront la Méditerranée, pour se confronter eux aussi à l'attrait du mirage oriental et de sa lumière. A Paris déjà, Renoir avait abordé le thème de l'Odalisque dans lequel se réunissaient son amour du nu féminin et son admiration pour Delacroix. La fête arabe transpose le thème de la foule urbaine, si cher aux impressionnistes dans le cadre lumineux de l'Algérie qu'il visite en 1881.

    Matisse s'est très tôt passionné pour l'art islamique. Il trouve dans la profusion ornementale, les aplats colorés, l'absence de modelé, la confirmation de ses propres recherches expressives. S'il est déçu de son premier voyage en Algérie en 1906, les deux séjours au Maroc en 1912 et 1913 à Tanger sur les traces de Delacroix seront une flamboyante période de création. La révélation m'est venue de l'Orient avouera t-il plus tard. Dans les années 1920, à Nice, il donnera un nouveau souffle à la figure de l'Odalisque dans la série qu'il consacre à cette figure clé de l'orientalisme.

    Le voyage en Tunisie que font ensemble en 1914, Macke, Klee et Louis Moilliet sera un autre moment privilégié de l'art du XXe siècle. Macke réalise de nombreuses aquarelles et reprenant le motif de la ville ou du café arabe, il organise dynamiquement l'espace, le structurant et le rythmant par le biais de la couleur. Klee, quant à lui, dans la voie qui le mène à l'abstraction, fera de Kairouan le lieu de la révélation : il y note dans son journal le 16 avril 1914 : la couleur et moi nous ne faisons qu'un. Je suis peintre.



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