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La révolution optique de Van Eyck en trois facettes

Article publié le 04/02/20 00:19

Van Eyck. Une Révolution optique

Musée des Beaux-Arts de Gand

Exposition du 1er février 2020 au 30 avril 2020

En parcourant l'exposition Van Eyck. Une Révolution optique et en se promenant de salle en salle, le visiteur perçoit clairement que Jan van Eyck était plus qu’un « peintre » : c’était un artiste érudit. Il avait des lettres et il fut l’un des premiers artistes à signer ses œuvres, ce qui témoigne d’une grande conscience de soi. Mais il possédait aussi un grand savoir, qui lui a permis de déclencher une révolution optique.

Cette révolution se manifeste sur trois plans : sa technique de la peinture à l’huile, son observation du monde et sa peinture des phénomènes optiques.

Au fond, l’huile était un médium peu pratique en peinture, jusqu’à ce que Van Eyck y ajoute des siccatifs de manière à raccourcir le temps de séchage et à rendre la peinture à l’huile plus aisément manipulable. Cette intervention a eu un tel retentissement qu’en 1550, le Toscan Giorgio Vasari a carrément prêté à Van Eyck l’invention de la peinture à l’huile. Le mythe du génie Van Eyck était né. Mythe qui n’a été infirmé qu’à la fin du XVIIIe siècle, grâce à la découverte d’une copie d’un manuscrit du XIIe siècle.

La deuxième facette de la révolution optique de Van Eyck est son observation détaillée du monde. Il s’est donné un mal inouï pour rendre minutieusement, de façon presque tangible, le détail le plus infime, avec un résultat qui reste stupéfiant aujourd’hui. Le profond intérêt qu’il nourrissait pour la peinture de la lumière a joué un rôle crucial dans cette observation. Chez Van Eyck, les personnages, les objets usuels ou les intérieurs acquièrent une forme tridimensionnelle sous l’effet de la lumière qui les éclaire, ou à l’inverse de l’absence de lumière dans les zones d’ombre.

Enfin, Van Eyck a poussé encore plus loin une régie lumière déjà géniale. Selon toute vraisemblance, le peintre ne se basait pas seulement sur l’observation directe du monde pour peindre, mais il disposait aussi de connaissances relatives à l’action de la lumière – la troisième facette de sa révolution optique. Un éclairage constant était impossible à obtenir dans un atelier d’artiste à l’époque, parce que le peintre dépendait de la lumière du soleil ou de celle des bougies. À la moindre variation des conditions lumineuses, les caractéristiques optiques changent. Van Eyck le savait et il en a tenu compte : il a peint la lumière telle qu’elle éclairait réellement la chapelle Vijd (cathédrale Saint-Bavon, Gand), le lieu où le retable de l’Agneau mystique fut installé une fois achevé. On dirait que les volets extérieurs sont réellement éclairés par la lumière qui pénètre dans la chapelle par la droite, et ce avec une cohérence et une précision qui, à une époque où l’éclairage artificiel n’existait pas, sont époustouflantes.

Comment Jan van Eyck s’y est-il pris ? Il a simplement étudié les principes qui régissent la lumière, les ombres portées et des phénomènes lumineux plus complexes comme les réflexions et les réfractions. En d’autres termes, Van Eyck disposait sans doute d’une méthode rationalisée et de connaissances sur la façon dont la lumière se comporte dans la réalité.



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