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César la rétrospective

Centre Pompidou, Paris

Exposition du 13 décembre 2017 au 23 mars 2018

Vingt ans après la disparition de César, le Centre Pompidou de Paris consacre une rétrospective complète et inédite à son oeuvre. L'oeuvre de cette figure majeure du Nouveau Réalisme restait une des rares à ne pas se voir consacrer une manifestation d'ampleur au Centre Pompidou.

La rétrospective réunit une centaine d'oeuvres venues du monde entier. Certains cycles méconnus comme ceux des premières "Venus", des sculptures de Plexiglas "enrubannées", des "Championnes" à partir de carcasses automobiles, réalisées en 1986, de la "Suite milanaise" de 1998 constituent des ensembles réunis inédits à ce jour.

César apparaît ainsi comme un artiste qui, au fil de plus de cinquante ans de carrière, aura profondément renouvelé son oeuvre, conduit sans cesse par la logique des matériaux qu'il s'est approprié. Jovial et sombre, à l'image de son oeuvre qui dresse un réquisitoire de notre société industrielle et métamorphose les matériaux qu'elle utilise en alliant une extrême violence à un souci de classicisme, César est sans conteste l'un des grands sculpteurs de son temps, l'un de ceux dont les oeuvres comptent parmi nos icônes modernes.

Né à Marseille en 1921, César commence un apprentissage autodidacte qui le conduit à Paris à l'école des Beaux-arts. Il y rencontre entre autres, Germaine Richier et se mêle à la scène artistique d'alors, côtoyant les artistes de Saint-Germain-des-Près et de Montparnasse. Très tôt, il se fait remarquer par une technique qui lui est propre et conduit à la célébrité: ce sont les "fers soudés", les "Venus" et le bestiaire qu'il invente, peuplé d'insectes et d'animaux de toutes sortes qui le conduisent à sa première exposition personnelle, galerie Lucien Durand en 1954.

Confrontant sans cesse son oeuvre au classicisme et à la modernité, César élabore alors une pratique mêlant ce que le critique Pierre Restany appellera une opposition continue entre "homo faber" et "homo ludens". Jouant sans cesse du contraste entre une maîtrise assumée du métier de sculpteur et des gestes profondément novateurs, César surprend son public lorsqu'au tournant des années 1960, il réalise ses premières "Compressions". Présentées au Salon de Mai, elles inaugurent un cycle qui ne sera reconnu par le monde de l'art qu'avec leur présentation à la galerie Mathias Fels en 1969, cycle qui ne s'interrompra qu'avec la mort de l'artiste en 1998. Elles sont l'un des gestes les plus radicaux de la sculpture du 20e siècle, présentées aussi bien à la documenta de Cassel qu'à la Biennale de Venise, inspirant de nombreux artistes allant des américains Lynda Benglis ou Charles Ray au français Bertrand Lavier.

Inventif et guidé par la logique du matériau, César développe ensuite un principe opposé et dialectique à celui des "Compressions" avec ses "Expansions". Au métal compressé succède le polystyrène et autres matériaux que l'artiste teinte et polit, leur appliquant son savoir-faire et une méthode propre à celle de la sculpture classique. Après les "Fers soudés", les "Compressions" et les "Expansions" sont tôt reconnues comme deux moments inauguraux de la sculpture moderne.

Suivent les "Moulages" et "Empreintes humaines" qui ajoutent à l'oeuvre de César une dimension nouvelle. Nés de la volonté de cartographier le corps féminin, ils sont un nouvel aspect de l'oeuvre de l'artiste, variant les échelles et les matériaux, une étape essentielle dans une réflexion que César a conduit, sa vie durant, sur la représentation.

César, au fait de la gloire, devient au tournant des années 1970, l'une des figures emblématiques de l'art de son temps. Lié aux artistes du mouvement du Nouveau Réalisme, créé depuis 1960 par Restany, il expose dans le monde entier et réalise en public des "expansions" et autres oeuvres qu'on peut aisément associer à la notion de performance. De Paris à Londres, de Sao Paolo à Milan, César conjugue l'exposition de ses sculptures qui sont autant de réflexions sur la permanence de la tradition classique à des gestes radicaux et inventifs, souvent éphémères. Cette dualité constante ne cessera de l'habiter, entretenant une certaine incompréhension d'un public qu'il bouscule et intrigue.

Les années 1980 voient se développer un nombre important de ses sculptures monumentales. César est "premium impérial" du Japon. Il expose dans le monde entier mais la critique française – toujours elle – le boude ou ne reconnaît plus en lui qu'un artiste épris de spectacle. Les rétrospectives de Marseille, du Jeu de Paume ou de la Fondation Cartier rappellent au public le rôle essentiel de l'artiste et son réel pouvoir d'invention. Il expose alors au pavillon français de la biennale de Venise, à Milan, Malmö, Mexico... Après Otto Hahn, Pierre Restany, Daniel Abadie ou Catherine Millet parmi d'autres, une nouvelle génération de critiques le redécouvre et met en évidence la singularité de son oeuvre et de son propos, révélant un intérêt pour les matériaux les plus contradictoires allant du marbre au chiffon, du fer à la paille.

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