Guy de Rougemont - Serpentines

En 2003, la Galerie du Passage présentait un aspect des travaux de Rougemont, intitulé "Ellipse et cylindre, volumes polychromes" 1965-1975. Aujourd’hui, après avoir exploré la "Surface tramée" de 1975 à 2000, Rougemont en est venu à inscrire ses recherches de plasticien – passant du plan au volume – dans un "maniérisme revu et corrigé" qui privilégie la "ligne serpentine".

Cette exposition, conçue par Pierre Passebon, souhaite ainsi faire comprendre la nécessairement lente élaboration d’une œuvre sincère. Elle présente du mobilier, des sculptures, des aquarelles et des pastels.

"On ne passe pas du plan au volume, de l’objet au monumental, sans qu’un jour tout cela se fonde en une seule et même pratique. Je suis peintre : ma sculpture, mes meubles, mes tapis sont d’un peintre" expliquait Guy de Rougemont dans un de ses ouvrages. Aujourd’hui, il parle de ses œuvres comme d’une "excroissance de la peinture".

Officier des Arts et des Lettres et Académicien depuis 1999, Guy de Rougemont nous livre à travers cette exposition une vision de sa liberté de création, qui s’attache également à une volonté de rattacher l’art au quotidien.

De ses parcours à travers le monde, à l’occasion des symposiums de sculptures auxquels il participe, Guy de Rougemont a rapporté cette vision de la ligne serpentine. "Sinueuse, elle taille l’acier Corten d’une frise le long d’un torrent en Andorre pour s’arrondir à la verticale et à l’horizontale d’une monumentale "ombre chinoise" dans le parc de la résidence d’été de Chang Kaï-chek à Taïwan... De Porto-Rico à Majorque et en Bretagne, cette "ligne de grâce" (William Hogarth -The Analysis of Beauty 1753) enserre dans ses grandes courbes et contre-courbes polychromes la mer et le ciel..."

Les bronzes, marbres et bois exposés sont à l’origine de ces pérégrinations dans l’espace public, la part intime qui alimente l’œuvre en marche...Les bas-reliefs de bois peint ont pour ombres la gestuelle de leurs empreintes traitées au pastel.

Ainsi se compose une exposition d’amitié et de fidélité, au plus près de cette sédimentation fertile. Rien de mineur, de secondaire, tout a son importance...

Les 38 aquarelles de petit format rendent compte d’humeurs, de fatigues, de frustrations, au sortir du grand atelier après une journée de peinture... Ce sont des aquarelles "d’après", elles n’attendent rien…contrairement aux quatre aquarelles –"Trophées" qui aspirent à être interprétées en peinture !

Et puis, c’est tout naturellement que des pièces uniques de mobilier viennent se poser entre le plan et le volume, avec ou sans couleur. Encore debout au milieu de l’atelier et déjà fatigué, vous n’allez pas refuser la chaise que l’on vous avance…ni le guéridon sur lequel poser votre verre…de table en console, de fauteuil en appliques lumineuses, vous voilà dans vos meubles... !!