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"Projections"

Carré d'Art - Musée d'art contemporain de Nîmes

Présentation détaillée des artistes et oeuvres


La sculpture de Daniel Arsham, Hammock est la première oeuvre de l’exposition Projections.

Daniel Arsham
Daniel Arsham - Hammock, 2007

Placée sur le mur d’entrée, à côté de la billetterie, elle laisse deviner le dos d’un personnage saisi en plein mouvement, bras et jambes écartées, comme un corps faisant irruption dans notre espace. Elle introduit à la multiplication des dimensions (qu’y a-t-il après la 3e dimension ?) et laisse deviner la possibilité d’êtres autres, un des thèmes favoris de la science-fiction et presque un programme pour l’exposition.

A l’étage supérieur, l’exposition ouvre sur une structure en carton ovoïde de Tobias Putrih dans laquelle est projeté le film de Chris Marker La Jetée (29mn, 1962). Film culte du cinéma d’anticipation, La Jetée est l’histoire d’une image : un visage de femme sur la jetée de l’Aéroport d’Orly, qui anticipe la mort d’un homme dans un de ses souvenirs d’enfance, sur fond de destruction, de troisième guerre mondiale, d’espionnage et d’expérience scientifique. Le film réalisé en images fixes accompagnées d’une voix off, mêlant les temps, intègre les mêmes plans dans des séquences qui se réfèrent à des moments différents de la vie du héros. Pour Tobias Putrih, le cinéma est un espace intermédiaire entre la réalité du monde extérieur et une autre réalité de l’ordre du fantasme. Pour lui, chaque organisation sociale produit une forme d’espace différente. Putrih a donc fréquemment produit des structures adaptées à la projection d’un film spécifique. Argos Cinéma qui tire son nom du producteur du film, Argos Films, permet l’expérience de l’entrée dans cet espace autre. Le volume en carton brut, sa structure parfaitement modulable, des armatures dans lesquelles se glissent de grandes feuilles de carton provenant d’emballages commerciaux, soulignent le caractère provisoire de l’installation.

La première salle confronte deux espaces de représentation du virtuel. Dans ses grandes peintures, Gordon Cheung procède par collage.

Gordon Cheung
GORDON CHEUNG Masterplan, 2007-2008

Il utilise comme support les feuilles des cours de la bourse du Financial Times en référence à un super-pouvoir virtuel globalisé qui remplace la donne géopolitique traditionnelle. Pour Cheung, anglais d’origine hong-kongaise par ses parents, ce pouvoir est la grande saga qui informe la condition humaine actuelle. Travaillant à partir d’images trouvées sur internet, il constitue une énorme base de données personnelles et travaille ses compositions sur Photoshop avant de les imprimer sur les pages financières. Gordon Cheung qualifie souvent ses peintures de ‘techno sublime’, ce à quoi concourt leur très grand format, souvent panoramique, leurs couleurs psychédéliques, les paysages apocalyptiques choisis. Quand l’artiste analyse son évolution artistique depuis le Royal College of Art, il repousse l’isolement d’une peinture moderniste qui trouve en elle-même ses raisons d’être, pour aller vers un art plus proche des romans et des films en étroite adéquation avec l’esprit du temps. La série Colliderspace de 2004-2005 fait référence par sa symétrie à la double culture de l’artiste comme à un équilibre idéal et utopique. Death by a Thousand Cuts, titre repris d’une de ses dernières expositions en 2008, se réfère à une torture chinoise par découpage des chairs en usage jusqu’en 1905.

Chris Cornish travaille l’espace virtuel dans une approche différente. Les paysages photographiques qu’il utilise sont prélevés par l’artiste à partir de plates-formes de jeux en ligne. Conçus comme des sites d’observations ou de bataille, ils transmettent une sourde inquiétude. L’artiste joue sur la reconnaissance de ces sites réalistes sans l’être. Kill Box fait référence au vocabulaire militaire tandis que Forest Vendetta désigne réellement un jeu en ligne.

Laurent Grasso se sert d’objets scientifiques ou technologiques anciens, prévisions d’un futur qui n’a plus de pertinence. Il fait naître de l’anticipation à partir d’expériences déjà faites ou d’hypothèses abandonnées. La présentation intègrera plusieurs sérigraphies de la série Rétroprojection qui reprennent en sérigraphie argent des illustrations de l’Astronomie populaire de Camille Flammarion ou, nouvellement créées, de la revue Nature. La vidéo Psychokinesis met en scène au sens propre le phénomène de téléportation : un rocher se soulève et s’abaisse au-dessus d’un sol désertique. L’origine du phénomène reste inconnue mais dans la lenteur de son développement, les effets de lumière sur la roche donnent une vraie réalité à ce phénomène pourtant douteux. Laurent Grasso crée des signes, chants des oiseaux de Horn Perspective, météorite, fumée, qui, dans leur répétition obsessionnelle nous portent à accepter une réalité. D’ailleurs, dès les débuts de son histoire, la photographie a été regardée comme un moyen de montrer l’invisible. De nombreuses oeuvres de Grasso s’établissent sur ce territoire là et explorent les possibilités de perception des ondes radio ou électromagnétique par nature invisibles. La vidéo Horn Perspective, en relation avec la Horn Antenna qui permit aux Prix Nobel Arno Penzias et Robert Wilson de détecter le son résiduel du Big Bang établit un équivalent visuel à la forme conique de l’antenne dans la perspective d’un chemin en sous-bois. Mais le but du mouvement est sans cesse éludé. A chaque fois le mouvement change de direction et on retrouve une autre perspective, faisant croire à un mouvement sans fin.

Chris Cornish
CHRIS CORNISH Arena_02, 2005

La vidéo de Chris Cornish Arena_2, 2005 projetée dans la salle suivante montre un phénomène proche de Psychokinesis : une sorte de météorite au modelé mouvant sur fond de paysage de croûte terrestre qui palpite. Travaillant sur internet et les sites de jeux en ligne, Cornish souligne l’ubiquité de ces nouveaux lieux ouverts à de multiples usages simultanés et met en avant une perception renouvelée du temps. Il n’y a pas de début et de fin : un simple ‘reset’ permet d’effacer le déroulement précédant et de recommencer à zéro. C’est cet univers au temps suspendu qu’expriment la plupart des oeuvres de Chris Cornish.

Dans le projet du Viewer, Jean-Pascal Flavien crée lui-même cette sédimentation du temps.

Jean-Pascal Flavien
JEAN-PASCAL FLAVIEN Viewer Hard-Drive, 2007

Le Viewer est une petite construction (6 x 4 x 4 m) qu’il a faite édifier près de Rio de Janeiro. Le coeur du projet est le disque dur contenant tout le processus de travail : dessins, maquettes, réalisation par une équipe locale enregistrée en photo et en film. Le projet intègre aussi le temps immémorial de l’environnement, matérialisé dans l’exposition par la projection en grand format des dessins de dinosaures qui l’accompagnent. Cette architecture, ni vraiment une maison, ni vraiment un atelier, sans ouverture directe sur l’extérieur est aussi un endroit pour se retirer, un lieu où il est possible d’être dans une parenthèse. Ce que montre l’artiste n’est pas tant l’objet fini lui-même que le processus de création et la mémoire enregistrée de toutes les formes, vidéos, photos, dessins, musiques, créées à cette occasion. L’oeuvre présentée est une projection, sélection aléatoire à partir de cette mémoire, et un ensemble de posters réalisés à partir de certains fichiers photos. Le projet mené par Flavien s’appuie sur la production de différents temps simultanés : temps actuel, temps géologique et anticipation du futur du travail à l’état de traces, de fossile, d’écho, une construction intellectuelle qui n’est pas sans évoquer Horn Perspective de Laurent Grasso qui ramène à notre perception contemporaine le bruit fossile du Big Bang conservé au sein de l’univers.

Les dessins de Daniel Arsham confrontent des éléments d’architectures modernistes, notamment la poutre de béton, à une végétation envahissante, un thème habituel à la vision entropique. Les dessins, soit par le traitement hachuré très fouillé emprunté à Gustave Doré, soit par l’atmosphère de nuit colorée proche du cinéma, favorisent l’irréalité et s’inscrivent dans la descendance d’un certain romantisme.

Réunissant des oeuvres de Tobias Putrih, de Iñigo Manglano–Ovalle et de Chris Cornish, la salle suivante pourrait se décrire comme la salle des références. Très intéressé par les recherches utopistes de Buckminster Fuller ou Friederick Kiesler comme un témoignage du point où une recherche scientifique s’écarte de la rationalité pure pour se projeter dans l’imaginaire, Putrih a construit des oeuvres telles que Anthropomorphic, une sorte de filet soutenu par des ballons d’hélium, Quasi Random, une structure souple de bâtonnets de bois, ou les dessins de la série Quasi Random, à partir du principe de triangulation utilisé par Fuller dans sa coupole géodésique. De même que ce principe a permis à Fuller de passer de projets ponctuels à l’échelle planétaire de villes sous cloche dotées de microclimats artificiels, chez Putrih la structure plane peut devenir tridimensionnelle, puis la souplesse des matériaux ou des tracés aidant, elle laisse deviner une dimension indéfinie...

Collaborant fréquemment avec des astrophysiciens, météorologue, médecins, Manglano-Ovalle appuie son travail sur des données collectées scientifiquement. Ainsi, Cloud Prototype 2 est une forme générée par ordinateur à partir des données recueillies sur la formation d’un orage dans le Missouri par le Department of Atmospheric Sciences at the University Illinois, Champaign-Urban. Manglano-Ovalle souligne dans la beauté de la forme le danger écologique mais aussi l’explosion atomique. Comme Putrih, dont certaines oeuvres s’appuient sur des expérimentations du public, il voit la pratique artistique plutôt comme un protocole d’expérimentation qu’un mode d’expression. L’artiste reprend la position de l’homme de science de l’époque classique où la science est une branche de la réflexion sur la position de l’homme dans le monde par opposition à une science contemporaine plus spécialisée.

Les vidéos de Manglano-Ovalle, Oppenheimer, et Chris Cornish, Ballard, renvoient à des univers claustrophobes. Dans l’une, la caméra tourne lentement autour de l’inventeur de la bombe atomique, en costume strict, le visage sérieux, les pieds dans une mare d’eau au sein d’une végétation luxuriante. La scène est régulièrement éclairée d’un flash de lumière violente.

oppenheimer
IÑIGO MANGLANO-OVALLE Oppenheimer, 2003

Manglano-Ovalle évoque dans une interview cette vidéo comme la représentation du Purgatoire d’Oppenheimer. Dans un décor très proche, Cornish évoque Ballard, par une serre tropicale, en référence à de nombreuses nouvelles qui décrivent la croissance débridée des plantes. Des plans fixes de plantes noyées dans le brouillard d’eau des brumisateurs sous un toit en tôle alternent avec un plan très rapide sur une surface de tôle ondulée. Puis la séquence recommence.

Si les oeuvres de chacun des artistes sont clairement identifiables, ceux-ci ne cherchent pas pour autant à exprimer un style personnel. Douglas Cheung se voit comme un ‘sampler’, un DJ visuel, Tobias Putrih cite Robert Smithson qui parle de l’artiste comme consultant. Une de leur finalité est d’interroger un système de représentation, une expérience habituelle dans le cinéma de genre – science-fiction ou policier – qui implique des ambiances et des signes préexistants. Ainsi dans la dernière salle, la vidéo de Cyprien Gaillard Pruitt-Igoe Falls se réfère au pittoresque du XVIIIe siècle avec son point de vue soigneusement encadré d’arbres, avec un cimetière au premier plan. Tout un pan du pittoresque a à voir avec le Sublime et la représentation de la ruine par la victoire de la nature sur les réalisations humaines. C’est cette même fragilité qui est enregistrée dans l’action : la destruction d’un grand ensemble dans la banlieue de Glasgow. Les nuages de l’explosion se fondent dans le nuage d’eau des Chutes du Niagara vues de nuit. La vidéo prend le nom du plus grand ensemble jamais construit aux USA : Pruitt-Igoe à Saint-Louis, Missouri (1954-1956). Premier ensemble d’habitation détruit en 1972, il préfigure les destructions courantes maintenant dans tous les pays du monde. La série Belief in the Age of Disbelief, 2005, insère dans une gravure de paysage classique la vue de grands ensembles. Le travail de Gaillard pointe l’héroïsme et la volonté de modeler de nouvelles villes qui a abouti à un échec patent mais met aussi en évidence la fascination contemporaine pour la destruction violente.

Les oeuvres de Michael Landy (dernière salle) acclimatent à une expérience personnelle ces cycles de destruction/création.

Michael Landy
MICHAEL LANDY H.2.N.Y. Tinguely Machine Erases its own Construction in 27 Minutes, 2007

En février 2001, Michael Landy, sculpteur issu du groupe des Young British Artists, réalise une action intitulée Break Down où il loue le local d’un ancien supermarché pour deux semaines pendant lesquelles toutes ses possessions emportées par un tapis roulant sont systématiquement broyées. Cette performance sera suivie de séries, souvent dessinées, permettant à l’artiste de faire des inventaires systématiques : maison de ses parents, herbes sauvages dans le contexte urbain... Sur la période 2005-2007, après une recherche archivistique poussée, il entreprend de reconstituer Hommage to New York de Jean Tinguely, machine prévue pour s’autodétruire lors d’une performance dans les jardins du MOMA en 1960. Ce projet se développe dans la réalisation d’un large ensemble de 168 dessins réalisés d’après les photos et les films pris lors de la performance initiale. A la suite de Tinguely, Michael Landy interroge le concept de destruction, exact opposé de ce à quoi on rattache traditionnellement les arts, la création. Mais il souligne aussi le rapprochement dans le projet de Tinguely avec les feux d’artifices chinois et leur caractère éphémère, se rapprochant en cela de la philosophie des oeuvres de Cyprien Gaillard situées dans la même salle.



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