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peinture

Marc Desgrandchamps

Le Dernier rivage

Le Carré Sainte-Anne, Montpellier

Exposition du 15 avril au 19 juin 2011




L’exposition "Le Dernier rivage" de Marc Desgrandchamps, du 15 avril au 19 juin 2011 au Carré Sainte-Anne, inaugure une nouvelle ère pour le centre d’art contemporain de Montpellier.

Pour les 20 ans d’existence de cet espace hors du commun en tant que lieu d’exposition, la Ville de Montpellier affirme de nouvelles ambitions : faire du Carré Sainte-Anne une référence en France pour l’art contemporain. La nomination par la Ville, d’un jeune directeur artistique, Numa Hambursin, illustre cette volonté. Dès son arrivée un Comité artistique a été constitué afin de bâtir en collégiale une programmation solide, d’envergure internationale. Pour le lancement de ce nouveau cycle, la peinture est à l’honneur avec Marc Desgrandchamps tout d’abord, dont l’exposition Le Dernier rivage sera présentée du 15 avril au 19 juin puis avec Gérard Garouste du 1er juillet au 11 septembre ; la fin d’année sera dédiée au sculpteur Bernard Pagès.

Dès le 15 avril prochain, sous la houlette de son commissaire, Richard Leydier, vingt toiles grand format de Marc Desgrandchamps viendront habiter l’exceptionnelle nef de cette ancienne église déconsacrée.

Richard Leydier a construit cette exposition autour de l’intérêt de l’artiste pour le film On the Beach, soit Le dernier rivage pour son titre français, réalisé en 1959 par Stanley Kramer (avec Gregory Peck, Ava Gardner, Anthony Perkins...). Ce chef-d’oeuvre du cinéma américain fait partager les ultimes moments des derniers humains vivants en Australie, après un cataclysme nucléaire tandis que le nuage atomique glisse inexorablement vers le sud...

Au Carré Sainte-Anne, l’accrochage rejouera cette disparition progressive : plus le public avancera dans la nef, plus les figures se déliteront, jusqu’à s’effacer complètement. Marc Desgrandchamps est en effet connu pour ses scènes de plages et ses paysages où figures et objets oscillent entre apparition et disparition, les coulures de la peinture à l’huile constituant autant les corps qu’elles participent à leur effritement. Cette exposition entend ainsi souligner le carpe diem, la fragilité des instants captés par Marc Desgrandchamps dans ses tableaux, ces moments de bonheur solaires et estivaux qui peuvent à chaque minute basculer dans la catastrophe.

L’exposition Le dernier rivage au Carré Sainte-Anne, du 15 avril au 19 juin 2011, sera accompagnée d’un catalogue publié aux éditions Liénart. Une exposition monographique de Marc Desgrandchamps se tiendra simultanément au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, du 13 mai au 4 septembre 2011.



Marc Desgrandchamps - Sainte Anne et le Dernier rivage


Ce jeudi 29 juillet 1869, un homme à l‘allure modeste de soixante et onze ans, Louis Sabatier, curé de Sainte Anne depuis 1832, attirait sur lui tous les regards de l‘immense foule réunie. C’est en effet à ce personnage atypique, auteur polémiste de « La religion catholique vengée du reproche d’avoir favorisé le despotisme politique et ecclésiastique», qu’il revint d’inaugurer et bénir le nouvel édifice qui offrait à la ville de Montpellier une silhouette moins plane que celle héritée des guerres de religion. Les autorités locales étaient réunies au garde à vous, conscientes de l’enjeu, donner au « Clapas », ce caillou jaloux de ses ruelles et de ses cours dérobées, un clocher identifiable et visible depuis l’horizon. Jules Pagézy, maire protestant et bâtisseur, avait contribué au projet avec détermination, l’Impératrice Eugénie avait donné 500 Francs, deux fois moins que Sabatier lui-même. Le nouveau bâtiment, vaisseau élancé et néo-gothique, était bien différent de l’ancienne église construite en 1653 avec trop de hâte,« basse, insuffisante » et qui « n’attirait en rien l’attention en sa faveur », dont les voûtes regorgeaient d’ossements humains retirés des anciens charniers. Les travaux avaient duré trois ans et demi sous la conduite de l’architecte Cassan, dont les plans initiaux furent contrariés par les remarques d’un Monsieur Duc (Viollet-le-Duc ?), travaillant au Ministère à Paris et soucieux de respecter l’architecture du XIIIème siècle. Louis Sabatier, curé de Sainte Anne, mourut peu de temps après, le 21 mai 1871. La légende raconte que, depuis son dernier lit, il put apercevoir la croix fixée sur le clocher enfin achevé.

Face aux deux atlantes qui en gardent l’ancienne entrée, écrasés sous le poids spirituel des anges, face au désir de verticalité de cette église, on est malgré soi jaloux de l’imagination un peu naïve et des fantasmes d’une époque bien lointaine. Toutes proportions gardées, la première pierre du Château de Neuschwarstein est posée par Louis II de Bavière en septembre 1869, la construction du Palais de Pena à Sintra s’achève en 1885, Bram Stoker publie Dracula en 1897. Un seul siècle s’est écoulé depuis, mais quel siècle ! Les vampires se sont matérialisés, les anges ont perdu de leur éclat. Les évènements nous ont rendus plus raisonnables à l’évidence, mais tellement moins contemplatifs. Trop volumineuse, trop vide. En 1986, Sainte Anne est désaffectée. Cinq ans plus tard, l’église devient un « carré ». L’art contemporain remplace la messe, les visiteurs curieux se substituent aux fidèles. Les vitraux, eux, sont toujours en place et la pierre de Castries n’a cessé de s’effriter. Faut-il en conclure, à l‘emporte-pièce, que tout fout le camp ? Non, bien entendu, pour peu que l’on accepte que nos contemporains puissent converser avec leurs aînés. Et que l’on ait en mémoire la formule de Maupassant : « Les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leur illusion particulière ».

Pour un non-cinéphile tel que moi, il y a quelque chose de délicieusement réjouissant à lire la critique, malgré tout très injuste, par Jean Tulard du film On the Beach de Stanley Kramer. « Un plaidoyer contre la guerre atomique d’une affligeante lourdeur. Impossible de partager les angoisses des survivants qui portent des visages d’acteurs trop connus et dont les états d’âme frôlent le ridicule ». Un casting de haut vol en effet, où Ava Gardner, Gregory Peck, Fred Astaire et Anthony Perkins se partagent la vedette. Ce film est pourtant une composante importante de l’illusion particulière de Marc Desgrandchamps, au même titre que la « Gradiva » de Jensen ou l’oeuvre de Poussin. Un lien subtil établi avec sa peinture qu’il faut un temps pour envisager. Quelle parenté entre la destruction de toute vie sur terre par un nuage radioactif et les scènes de plage, les robes courtes, la piscine et le parasol ? Erik Verhagen nous met sur la voie : « Marc Desgrandchamps aime induire le spectateur en erreur, lui donner la confortable impression d’évoluer au sein d’un univers familier alors que d’imperceptibles décalages finissent par saper toute possibilité de repérage ». Des corps qui s’effacent dans un paysage aux contours fuyants, mal assurés, les tissus qui coulent sur la chair, des lignes d’horizon brouillées dans lesquelles se confondent un ciel improbable, d’abord laiteux puis bleu azur, et le vert pâle d’une colline désertée. Pas assez confuse pour relever du mirage, la scène finit par donner le vertige lorsqu’on la détaille. Le bonheur que l’on pensait trouver dans l’apparente quiétude des situations est en fait si évanescent, si fugace, qu’à peine évoqué le voilà disparu dans un deuxième regard sur la même toile.

Notre idée de l’apocalypse recoupe largement celle de cataclysme, inspirée par l’image d’une météorite signant la fin du règne des dinosaures. Le dernier chapitre doit être brutal, immédiat et définitif, comme un big bang inversé. Il faut dire que la perspective d’une lente agonie, ou même d’une apocalypse qui prendrait son temps, n’a rien de réjouissant. C’est en cela que le film de Kramer est profondément désespérant. Comment combler les heures qui nous séparent du néant ? Marc Desgrandchamps nous en fait part : « Il fait beau, les gens vont à la plage et se baignent. Ils travaillent, écoutent de la musique, passent leurs soirées à danser et à boire. Des enfants naissent. La nature est belle, profuse, et pourtant tout est amené à disparaître dans un très bref délai. C’est de l’étrangeté d’un monde condamné, où pourtant les choses de la vie persistent à apparaître plaisantes et douces, que naît le sentiment de tragique lié à cette histoire». Richard Leydier a choisi d’articuler l’exposition autour de cette dimension crépusculaire du travail de Desgrandchamps. Le lieu s’y prêtait. Plus le spectateur s’approche du choeur de Sainte Anne et plus les figures s’évanouissent, jusqu’à disparaître complètement. Même les fantômes n’auront plus un jour droit de cité. Et pourtant, au dessus des falaises, une nuée d’oiseaux continue son voyage.

Numa Hambursin
Directeur artistique du Carré Sainte Anne en charge de la coordination du comité de programmation

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