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Saâdane Afif

Centre Pompidou, Paris

Exposition du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011


Lauréat du Prix Marcel Duchamp 2009, Saâdane Afif présente une oeuvre spécifiquement conçue pour l’Espace 315 du Centre Pompidou présentée du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011.

Figurant parmi les initiatives fortes menées pour soutenir la scène française et mieux faire connaître l’art contemporain, le Prix Marcel Duchamp a été créé en 2000 par l’ADIAF, Association pour la Diffusion Internationale de l’Art français, aujourd’hui le plus important regroupement de collectionneurs d’art contemporain en France. A l’image de l’artiste essentiel qui lui prête son nom, ce prix a pour ambition de rassembler les artistes les plus novateurs dans leur génération et d’encourager toutes les formes artistiques nouvelles qui stimulent la création. Son ambition est de confirmer la notoriété d’un artiste résidant en France, représentatif de sa génération et travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels : installation, vidéo, peinture, photographie, sculpture...

Saâdane Afif présente dans l’Espace 315 un grand cercueil de deux mètres de long, en forme de Centre Pompidou. À partir d’un document très précis écrit sur son projet, il a commandé à une quinzaine de personnes qui lui sont proches des textes de chansons, exposés sur les murs de l’espace. Il a aussi fait tirer des bornes cylindriques en fonte d’aluminium, à partir du moulage d’un élément du mobilier urbain en pierre qui entoure la piazza du Centre Pompidou, afin d’y faire monter, le jour du vernissage, un acteur qui déclamera ces textes. Ce format – fabrique d’objets associée à la commande de textes spécifiques – est désormais coutumier à celui qui se définit comme un "conceptuel bavard". Il ajoute : "Je suis d’une génération d’artistes qui bavardent. Mais il faut donner une forme à ce bavardage."

À l’origine du projet, la volonté de s’imprégner d’un lieu, mais aussi un ensemble tentaculaire d’histoires liées à des rencontres racontées par l’artiste, dont l’oeuvre se fait le réceptacle. Demander à d’autres d’écrire sur son travail, c’est renouveler les formes de celui-ci et travailler sur les notions de déplacement et de métamorphose des points de vue. "C’est une méthode qui permet de créer des mutations dans le travail en permanence, de faire muter des formes. Elles mutent, elles ne sont pas transformées. Je peux auto-citer mon travail et ça ne s’assèche pas, parce qu’il y a toujours un apport de l’autre."

Dans toutes les oeuvres de Saâdane Afif, plusieurs couches de sens se superposent. Elles s’ancrent autour d’un lieu, ici, le Centre Pompidou. Ainsi, sa propre histoire, celles du Centre, des personnes qu’il a rencontrées dans le cadre de ce projet et les références qu’il fait jouer les unes avec les autres se croisent et s’imbriquent, ajoutant chacune un degré de signification supplémentaire.

L’artiste insiste sur le fait qu’il a découvert l’art au Centre Pompidou, où il se rendait étant adolescent. "Quand j’avais douze ans, j’habitais Blois. J’allais à Ménilmontant chez ma tante pour éviter l’ennui des villes de provinces. J’ai appris à prendre le métro tout seul sur cette ligne, je descendais à Rambuteau."

Un cercueil pourquoi ? "Il y a évidemment beaucoup de possibilités : le cercueil de l’artiste, le cercueil de l’oeuvre de l’artiste, ça répond aussi à l’idée des avant-gardes, la mort de l’art, la mort de la beauté, la mort de la peinture, puis la mort de l’artiste : le musée comme nécropole. Ça peut être une vanité, ce qui dans mon travail est récurrent". Dans tous ses projets, la référence à la tradition de la vanité est importante : une histoire de l’art de plusieurs siècles ici transformée de manière forte en un objet. Pour autant, l’artiste refuse tout ce qui ressemble à un arrêt, à une forme finie et fixée.

Le titre de l’exposition convoque en effet bien d’autres histoires et références. Anthologie de l’humour noir : le nom de l’anthologie recueillie par André Breton est une référence directe au surréalisme et à Dada – l’exposition, rappelons-le, a lieu dans le cadre du Prix Marcel Duchamp. Il décide de donner à son cercueil le nom d’ "humour noir". Ainsi, les textes qu’il demande aux auteurs pourront former une "anthologie de l’humour noir", d’une autre sorte. Il cite aussi l’exposition "Les Magiciens de la terre", qui a eu lieu en 1989 au Centre Pompidou et à la Villette, où des cercueils ghanéens en forme d’animaux, de véhicules, etc., ont été montrés pour la première fois. En présentant un tel objet, Saâdane Afif rejoue cette histoire. Il décide de partir au Ghana pour faire réaliser un cercueil et rencontre Kudjoe Affutu, un jeune artisan et ancien assistant de Paa Joe, qui fabriquait ces cercueils de formes si singulières. Ajoutant à son projet un degré supplémentaire de sens, il mentionne aussi le rôle majeur de la sculpture africaine pour notre tradition moderne.

Dans son souvenir de la vie du Centre Pompidou lorsqu’il était adolescent, Saâdane Afif se rappelle aussi la présence de ceux que l’on nomme en Angleterre les "speakers corners", des personnes qui, dans la rue, parlent aux passants, debout sur des caisses. Or, raconte-t-il, "quand j’étais au Ghana j’ai eu la chance d’être invité dans une cérémonie funéraire. Dans cette cérémonie, on parle du mort comme s’il était vivant, et on raconte des choses sur lui. Finalement, cette histoire avec les speakers corners que je voulais citer pour l’exposition a pris tout son sens ce jour là et bien loin du parvis de Pompidou".

Ces multiples éléments gravitent autour de l’histoire d’un même lieu, en passant par le Ghana, l’art surréaliste et Dada. Ils se matérialisent en un ensemble d’objets et sont relayés par les textes de chansons qui sont des amplificateurs.

"Je travaille avec des auteurs qui ne sont pas forcement des auteurs de chansons mais des gens qui savent, qui aiment écrire". Ces textes, qu’il définit comme des excroissances de son travail, viennent l’enrichir "à travers l’imaginaire des autres, en posant clairement des questions qui me semblent fondamentales : quelle est la responsabilité de notre regard face aux oeuvres d’art ? Comment les intègre-t-on dans le champ de notre propre culture avec nos propres mots ? Comment interprète-t-on une oeuvre d’art ? Comment chacun peut-il s’approprier une oeuvre ?" Par le biais de ce processus métaphorique, c’est à cet exercice qu’il invite le visiteur.

Pour Afif en effet, le visiteur est quelqu’un de central. En cela, il s’inscrit dans une génération récente d’artistes qui pensent très sérieusement sa place. "Je résume souvent mon travail à : pourquoi fait-on des oeuvres d’art ? À quel besoin répondent-elles ? Quelle action ont-elles sur ma perception du monde ? Etc. Ce sont des questions simplissimes sans réponses tranchées qui me donnent l’énergie et le plaisir de faire des choses."

Ces éléments sont au service d’un travail en mouvement. "Je passe mon temps à essayer de ne pas achever un travail. J’arrive à montrer des moments finis mais qui proposent déjà un ailleurs. Quand on a une sculpture avec des textes qui racontent tout ce que je viens de raconter, il y a déjà un au-delà possible, un futur possible du travail. C’est l’antithèse de vouloir figer et réifier l’oeuvre d’art, qui serait comme une sorte d’idole idiote". Pour autant, la question de la forme est centrale pour Saâdane Afif. "Ce n’est pas un travail iconoclaste, c’est un travail qui réfléchit à comment on peut arriver à une forme. Avant tout celle de l’exposition qui est mon ‹ medium › de prédilection. Les formes sont importantes, ce sont les bornes qui jalonnent nos chemins."



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