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Self as disappearance

Centre d’Art Contemporain
La Synagogue de Delme

Exposition du 19 février au 23 mai 2010


Adrian Piper
"Everything#2_11b", Adrian Piper, 2003 © Adrian Piper Research Archive Foundation

"Self as disappearance" s’inscrit dans une discussion ouverte depuis plus d’une dizaine d’années par quelques expositions majeures : de la seconde Biennale de Johannesburg en 1997 à "Afro Modern: Journey through the Black Atlantic" présentée actuellement à la Tate Liverpool. Ces expositions ont mis en perspective les mutations subies par les présupposés et idéaux modernes, après qu’ils aient été réécrits par celles et ceux qui étaient considérés comme des sujets périphériques et/ou subalternes. Elles ont par ailleurs souligné l’existence d’une culture transatlantique hybride, née de la "formation interculturelle et transnationale" que Paul Gilroy nomme "L’Atlantique Noir."

Dans cette lignée, l’exposition "Self as disappearance" tente de faire émerger l’image d’un sujet "en traduction", revenu de toutes les terreurs historiques, qui l’ont poussé toujours plus loin de son foyer.

Les oeuvres de Renzo Martens, Coco Fusco, et Peggy Buth présentées dans l’exposition oscillent entre récit intime au paroxysme d’une guerre civile et ethnique, réécriture située de l’histoire des Etats-Unis, et constat de la conservation muséale d’anciennes entreprises coloniales. Elles s’insinuent dans des récits de conflits passés ou récents (la Tchétchénie pour Martens, la lutte d’indépendance des Philippines pour Fusco, la colonisation du Congo pour Buth), afin de mieux les faire se disjoindre, de les exposer à nouveau aux regards, alors que nous les avions crus assignés à jamais aux périphéries de nos sphères médiatiques.

Si la guerre est bien l’un des horizons de cette exposition, elle apparaît moins comme un sujet que comme une rumeur au loin, une hantise terrifiante, une "pression" qui nous pousserait à réaliser au plus tôt une communauté "en-dehors de l’entente".

Lorsque Renzo Martens s’avance dans des territoires interdits armé d’une petite caméra et d’une question fragile, ce n’est pas l’autre qu’il cherche, mais plutôt une image de lui-même. Cette question de l’image de soi, mais aussi du récit de soi, traverse toute l’exposition. À l’aune de la globalisation, de "l’archipélisation des continents par delà les frontières nationales", pour emprunter quelques mots à Edouard Glissant, qu’en est-il de l’identité d’un individu qui se serait construit de lieu en lieu, de migration en migration ? Qu’en est-il de cet individu au récit discontinu, fait de dislocations, ce Je multiple et multiplié, qui pourtant ne serait pas sans origine, mais toujours né de l’écart entre son lieu d’origine et ses lieux d’arrivée, de transit ?

Incompréhension du langage, fausse identité, ou désirs inassouvis, c’est l’éventail des effets produit par les déplacements, tout autant sémantiques que physiques, que nous permettent d’expérimenter Adam Pendleton, Joe Scanlan et Haegue Yang, nous rapprochant ainsi un peu plus du dénuement total de celui que l’on pourrait nommer, le "migrant nu ; c’est à dire celui que l’on a transporté de force sur le continent et qui constitue la base de peuplement de cette espèce de circularité fondamentale qu’est (...) la Caraïbe". Mais la Caraïbe s’est déplacée, et nos rivages, de Chine, d’Afrique ou d’Europe, peuvent désormais tout aussi bien faire l’affaire.

C’est avec les oeuvres de William Pope. L. et Adrian Piper que nous nous rapprochons le plus de ce "migrant nu", car elles exposent ce moment où il ne reste plus rien, et transforment le drame de la dépossession en une ultime stratégie de survie.

Les artistes réunis pour cette exposition partagent un même rapport au regard et au spectateur, car lorsqu’il est impossible de regarder en face, droit dans les yeux, on regarde de côté, de trois quarts, de profil ou de dessous. C’est un peu ce qui sera demandé aux visiteurs de "Self as disappearance", face à des oeuvres qui instaurent leurs auteurs en trace. Elle/il devra concentrer ses forces pour appréhender les oeuvres de biais. Refusant absolument le mode de l’affirmation, l’exposition se construit comme un espace de négociation qui se voit traversé de désirs et d’identifications, voire d’identités toutes contradictoires et résolument ouvertes.

Mathieu K. Abonnenc



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