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Christian Zacharias

Fondation de l’Hermitage, Lausanne

Exposition du 5/11 - 12/12 2010




Pianiste et chef d’orchestre d’exception, Christian Zacharias est depuis 2000 directeur artistique et chef principal de l’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL). Il fêtera en 2010 son soixantième anniversaire, et la Fondation de l’Hermitage s’associe aux hommages qui lui seront rendus à cette occasion en confiant pour quelques semaines ses cimaises au grand musicien.

Passionné par l’art moderne de 1940 à nos jours, le maître a réuni depuis de nombreuses années une collection très personnelle où Paul Klee, Louis Soutter ou René Auberjonois côtoient Antoni Tàpies, Louise Bourgeois, Roman Opalka ou encore Miriam Cahn : "Les artistes qui m’intéressent le plus sont ceux qui ont un monde à eux, une vision personnelle et singulière : les individualistes qu’on ne peut pas cataloguer dans les écoles et les courants". Cette passion pour les arts plastiques a conduit Zacharias à participer à plusieurs projets d’exposition. C’est notamment à son initiative que l’ancien Pénitencier de Sion a présenté en été 2001 une exposition sur la répétition, assortie d’une programmation musicale explorant ce même thème, ressort fondamental de la création.

L’exposition, qui présentera une centaine d’oeuvres de la collection de Christian Zacharias, occupera le rez-de-chaussée et le premier étage de la Fondation, tandis que les combles accueilleront un cycle de films autour du musicien. Une conférence musicale sera donnée par l’artiste en cours d’exposition.



Une collection en forme de portrait

Qu’est-ce qui fait la particularité d’une telle collection ? Est-ce qu’il faut la chercher dans les oeuvres collectionnées ou plutôt dans la personnalité du collectionneur ? Comme pour tout et pour n’importe quoi, il faut du temps, de la patience, un peu de courage aussi, il faut prendre le temps de regarder, attendre que les oeuvres se dévoilent, que le collectionneur se livre un peu. En somme, il faut passer du temps, partager quelques moments furtifs, faire semblant d’être ensemble, regarder sans voir, écouter sans entendre. J’entre lentement dans cet ensemble. On commence par dire qu’il y a quatre sections, un centre, un noyau, articulé autour d’un concept qui parlerait du temps et de la répétition, quelques Américains non conformistes ensuite, qui travaillent en marge, qui jouent du presque rien et de la provocation, deux lieux enfin, deux villes et deux pays, Karlsruhe, l’Allemagne de la jeunesse, des années de formation, le centre de gravité où l’on sait que l’on pourra toujours revenir, Lausanne et la Suisse, comme un foyer possible, un lieu de travail, la vie quotidienne de ces jours trop rares où les voyages s’éloignent. Quatre sections bien sûr, mais combien de passerelles, de partages et de similitudes, de fonds communs qui rassemblent et unissent ce qui ne pourrait être que séparé. Il va falloir reprendre, entrer dans le détail, ne pas se laisser aveugler par les classes et les séries, et ne pas perdre de vue celui qui les rassemble.

L’essentiel, le temps, l’infini et la répétition. Roman Opalka bien sûr, découvert très tôt, en Pologne déjà, les premières gravures aux signes répétitifs s’il en est, Opalka, comme un symbole, du chiffre un à l’infini, que seule la mort pourra interrompre, des chiffres repris chaque jour, des chiffres écrits et murmurés, des chiffres qui sculptent le temps. Les signes infinis de l’Inde et du Japon. Sumi Maro et sa bataille d’Altdorfer, revisitée, habitée par le collectionneur, cette toile qui le fascinait déjà à la pinacothèque de Munich les dimanches de son enfance et que le peintre lui rend comme un hommage. Gérard Sendrey dans ses volutes, Dieter Roth scrutant l’infini, Karl Bohrmann dans la complicité, la simplicité et dans la pudeur, Peter Dreher, de jour en jour, autant d’amis, de compagnons sur le chemin difficile de la création.

Les Etats-Unis, des non conformistes, des artistes en marge, dans leur simplicité, dans l’économie absolue de leurs moyens, vivre une vraie découverte, presque tout dire avec presque rien, montrer, dans la modestie et dans la fragilité, que tout peut être dit dans un seul trait, une seule couleur, sur un support usagé, que le tout est aussi dans le presque rien. Que ce qui reste vraiment, au bout du compte, n’est rien d’autre que la sincérité et l’intensité avec laquelle chacun vit l’expression de son rapport au monde. James Brown, répétitif s’il en est, Forrest Bess d’une seule image, James Castle dans la simplicité même, Bill Traylor au quotidien et William Copley dans l’ironie et dans la dérision.

Karlsruhe, l’Allemagne, les années de formation, cette école des beaux-arts si proche du conservatoire de musique, tous, les professeurs, les élèves, les amis, sur le même chemin. Karl Hubbuch le regard acerbe sur la société de son époque, Gustav Kampmann dans la forêt et Erich Heckel dans les Alpes, Fritz Klemm dans la dualité et dans la sensibilité de ses peintures, Fritz Klemm dans les photographies de sa fille Barbara, Max Neumann dans la monumentalité de la montagne peinte et Gunther Vogel dans la tentation de l’abstrait. Tous ils nous disent la force, la sensibilité et la vigueur de cet art enraciné.

Lausanne, la vie quotidienne en Suisse, le goût pour l’art des années trente, la peinture suisse au début de ce vingtième siècle. La Tour Métropole, un lieu de travail dans une architecture d’époque. Des affiches, des gravures, des peintures. Edmond Bille et Edouard Vallet, René Auberjonois, Géa Augsbourg, Alice Bailly, Albert Schmidt, Alexandre Perrier et Marius Borgeaud, autant de paysages de vignes et de campagnes, de montagnes, quelques quartiers de ville, des scènes de la vie quotidienne, des gens de tous les jours, des scènes d’intérieurs, modestes et profondes. Un ensemble cohérent dans sa simplicité et dans sa recherche d’une thématique, ce qui se passe ici est proche de nous et de très grande qualité, il suffit de regarder avec application, dans les scènes les plus simples se cache la vérité. Quelques cas particuliers, un paysage coloré d’Agnes Barmettler, des fusains d’une rare intensité de Miriam Cahn, des gravures, paysages de notre quotidien de Martha Cunz. Meret Oppenheim inquiétante et malicieuse, une peinture en abîme de Peter Sutter, Peter Fischli et David Weiss subtils et ludiques, et surtout la présence de Louis Soutter. Un nombre considérable de Louis Soutter, crayon et encre de Chine sur papier, souvent recto verso, tous d’une grande finesse et d’une grande sensibilité. Daniel Schlaepfer, enfin, complice et ami de longue date, et leur projet commun, illuminer dans Lausanne, la Tour Métropole.

C’est peut-être par Louis Soutter que l’on comprendra le sens de cette collection. Pas de peinture aux doigts, mais la finesse du trait. Ce qui ressort de tout cet ensemble, c’est bien l’extrême attention qui est portée sur la simplicité, sur la justesse, sur l’émotion, que chacune des oeuvres assemblées porte en elle. Les scènes les plus simples de la vie quotidienne, les dessins les plus discrets sur de modestes papiers, de même que des batailles triomphales, des listes spectaculaires et maîtrisées, des noms connus, des anonymes, ce qui compte, enfin, c’est seulement l’émotion dégagée par tant de sincérité, par tant d’acharnement, de gestes mille fois repris et répétés, regarder avec acuité, avec patience et humilité, et se laisser séduire par la fragilité de l’essentiel. Une collection donc en forme de portrait, une collection faite de maîtrise et de délicatesse, une collection nomade, une collection de hasard, qui suit le fil du temps, une collection présente dans chaque déplacement, dans chaque voyage, présente au coeur même du travail, collection qui révèle celui qui la constitue.

Nicolas Raboud - Commissaire de l’exposition



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