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Les Romanov, tsars et collectionneurs

Pinacothèque de Paris

Exposition du 26/01/2011 au 15/09/2011




La galerie de peinture de Catherine II. Le triomphe des idées par Irina Sokolova (Extrait)


Le XVIIIe siècle est parfois qualifié de « siècle d’or de la Russie ». Cette expression peut sans conteste s’appliquer à l’oeuvre de la grande protectrice des arts que fut l’Impératrice Catherine II. Aucun autre empereur de la dynastie des Romanov n’a accumulé autant de chefs-d’oeuvre artistiques d’une telle excellence. L’Ermitage lui doit son existence.

Les conditions de l’avènement de Catherine – le coup d’état du 28 juin 1762 et la mort inopinée de l’empereur Pierre III – avaient suscité dans les cercles européens des rumeurs peu à son avantage. Catherine II s’appliqua à donner d’elle l’image d’une souveraine éclairée, fervente adepte des idées de Voltaire et Montesquieu et protectrice généreuse des arts.

La création de la splendide galerie du palais servait on ne peut mieux cette image, tout en révélant les moyens financiers et les goûts raffinés de l’Impératrice. Denis Diderot et le baron Friedrich Melchior Grimm, hommes de confiance de Catherine, entretenaient habilement la légende de la « Sémiramis du nord » dans les salons littéraires parisiens.

La Russie ne possédait pas la tradition de collectionneur vieille de deux siècles qui alimentait les plus grandes collections royales et princières d’Europe. L’Impératrice de Russie s’efforça néanmoins de créer en peu de temps une galerie qui ne le cédât en rien aux pinacothèques les plus réputées. Le choix d’acquérir des collections entières plutôt que des oeuvres isolées revêtait une signification déterminante.

En 1769, l’entrée de la collection du comte Henri von Brühl, ministre d’Auguste III à la cour de Saxe, contribua largement à l’objectif que s’était fixé Catherine. La collection von Brühl était surtout constituée de tableaux hollandais et flamands dont le Portrait d’un érudit de Rembrandt, Persée et Andromède et un Paysage avec un arc-en-ciel de Rubens. Quatre grands paysages de Jacob van Ruisdael, une série de scènes de chasse de Paul de Vos proviennent aussi de cette collection. Elle contenait aussi des chefsd’oeuvre de maîtres italiens : la Fuite en Egypte de Titien, Mécène présentant les Arts libéraux à l’Empereur Auguste de Giovanni Battista Tiepolo et tout un cycle de vues peintes de Dresde et de Pirne, exécuté par Bernardo Bellotto. Comme le raconte l’historiographe Jacob von Staehlin, les tableaux voyagèrent par mer et arrivèrent à Saint-Péterbourg en piteux état ; il fallut quelques années au restaurateur de la cour, L. K. Pfandtselt, pour les remettre en état.

Un an auparavant, en 1768, l’Ermitage s’était enrichi d’une série d’excellentes toiles flamandes et hollandaises entrées avec l’ensemble de la collection du comte Johann Carl Philippe Cobentzel, ministre plénipotentiaire d’Autriche en Belgique. Ce mécène se passionnait pour les dessins. Sa collection en comportait plus de quatre mille qui constituèrent le fonds initial du Cabinet des dessins de l’Ermitage. Mais le plus significatif de tous les achats, qui rehaussa aussitôt le niveau de la galerie impériale, devait se produire en France : ce fut l’acquisition de la collection du baron Crozat de Thiers. Cette très riche collection jouissait en Europe d’une renommée justifiée. L’Impératrice de Russie put acquérir cette collection grâce à la collaboration efficace de Denis Diderot et François Tronchin, collectionneur renommé, conseiller du magistrat de Genève, ami et voisin de Voltaire. La somptueuse collection de tableaux devint la propriété de Catherine II pour la somme totale de « quatre cent soixante mille livres ».

À Paris, cette vente provoqua une vague d’indignation dont Diderot informa Saint-Pétersbourg. En juin 1772, les tableaux embarquèrent sur L’Hirondelle. Dans une lettre du 24 septembre 1772, le prince Golitsyne prévint Tronchin qu’ils étaient arrivés « sains et saufs » à Saint-Pétersbourg. Deux toiles de Rembrandt particulièrement célèbres entrèrent dans la collection impériale : Danaé et la Sainte Famille. Toutes les sections de l’Ermitage – italienne, française, hollandaise ou flamande – s’enrichirent d’oeuvres d’une qualité exceptionnelle. Nombre de chefs-d’oeuvre de l’Ermitage proviennent de la collection Crozat : quatre oeuvres de Paolo Véronèse, peintre préféré de Pierre Crozat, le Portrait d’une camériste et le Bacchus de Rembrandt, un ensemble de portraits de van Dyck, la Judith de Giorgione, la Sainte Famille de Raphaël, Danaé et un Portrait féminin de Titien, L’Entrée de Marie de Médicis à Lyon (esquisse) de Rubens, un Portrait d’acteur de Domenico Fetti, Amours à la chasse et Vénus, faune et putti de Poussin, l’lncrédulité de Thomas de van Dyck, L’Assaut de la forteresse de Wouwerman, le Concert au parc de Nicolas Lancret, Amour affûtant ses flèches de Charles-Joseph Natoire, le Portrait de jeune homme au chapeau de Greuze. L’entrée d’oeuvres de la Renaissance italienne revêtait une importance toute particulière car elles étaient considérées depuis toujours comme l’apanage des galeries des souverains. Avec la collection Crozat, la constitution des collections de Catherine II atteignait son apogée.

L’aménagement de la galerie était pour ainsi dire achevé au début des années 1780. Les achats qui lui étaient destinés se firent de plus en plus rares. Catherine II fit cependant encore deux acquisitions importantes : la collection de Sir Robert Walpole en 1779 et celle du « comte » Sylvain-Raphaël Baudoin en 1781. De très grands formats proviennent de la collection Walpole : Les Pères de l’Eglise de Guido Reni, Bacchus et La Forge de Vulcain de Luca Giordano, le Portrait du pape Clément IX de Carlo Maratta, Le Festin chez Simon de Rubens, une série de quatre Etals de grandes dimensions de Snyders.

Catherine II fit bientôt l’acquisition du cabinet de Sylvain-Raphaël Baudoin dont elle connaissait déjà le catalogue, rédigé en 1780. Cette collection de cent dix-neuf tableaux, dont proviennent entre autres le Portrait de George Gage de Rubens et le Chemin à l’orée de la forêt de Jacob Isaackzs van Ruisdael, fut la dernière des admirables acquisitions qui s’étaient succédées pendant près de vingt ans pour satisfaire l’appétit insatiable de la collectionneuse. L’Impératrice n’avait ménagé ni ses deniers ni son énergie mais son ambitieux objectif était atteint. L’Europe entière parlait de la gigantesque galerie impériale de l’Ermitage.

Irina Sokolova



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