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peinture

Exposition N’importe Quoi

Musée d’art contemporain de Lyon

13.02 - 19.04.09

Vernissage 12.02.09 à 19h en présence des artistes


Peter saul
Peter Saul, Cake and Pie, 1996 167,5 x 183 cm Collection MAC/VAL, Vitry-sur-Seine

L’art d’aujourd’hui, c’est «n’importe quoi», ont coutume de dire ses détracteurs mais cette phrase ne date pas d’hier. Dans un essai remarquable en tous points, Thierry de Duve, théoricien de l’art, s’était il y a quelques années arrêté sur la généalogie de cette formule :

«A plus d’un profane l’art contemporain apparaît comme le règne du n’importe quoi. Cette situation n’est pas neuve. Avec les casseurs de pierres Courbet faisait entrer n’importe qui sur la scène picturale et la botte d’asperges de Manet sonna l’entrée en scène du n’importe quoi en peinture. Après tout, l’histoire est courte, et bien connue, qui va des casseurs de pierres au readymade, de Courbet à Duchamp, du n’importe quoi représenté au n’importe quoi tout court. Elle passe par la dévaluation du précieux, du fini, du noble et de toutes les valeurs qui assignaient à l’art une fonction précise dans le dispositif de pouvoir aristocratique, […]»
THIERRY DE DUVE, «FAIS N’IMPORTE QUOI», IN
AU NOM DE L’ART, ED. MINUIT, 1989, P 107.

Ce qui a pu faire dire que l’art moderne, puis contemporain, relevait du «n’importe quoi» était le fait qu’il faisait entrer dans le monde de l’art de nouveaux sujets perçus par beaucoup comme triviaux, vulgaires ou banals, et s’écartant suffisamment de l’iconographie autorisée pour paraître incongrus, voire complètement loufoques.

L’exposition intitulée «N’importe quoi», qui se tient du 13 février au 19 avril 2009 au mac LYON, se propose de réunir un large choix d’oeuvres récentes qui prolongent cette histoire. Mais de même que Pierre Desproges avait coutume de dire qu’on pouvait rire de tout, mais pas avec n’importe qui, il s’agit bien ici de montrer «n’importe quoi» au sens sus-dit, mais pas avec n’importe qui... Et pas non plus n’importe comment.

«N’importe quoi» fait suite à «The Freak Show» (présentée au macLYON en 2007) qui s’inspirait d’une forme d’exposition populaire mettant en scène des monstres ou «phénomènes de foire». Près de 50 oeuvres interprétaient et jouaient ainsi avec les différents types de monstruosité ou d’anormalité en l’appliquant, souvent avec humour, à des oeuvres contorsionnistes, géantes, poilues, siamoises... «N’importe quoi» reprend à son tour un dispositif de monstration préexistant, cette fois-ci la présentation des collections de spécimens dans les musées d’histoire naturelle (galerie zoologique, galerie de l’évolution, galerie d’anatomie comparée, galerie paléontologique, etc.).

Jessica Stockholder
Jessica Stockholder, JS 177, 1992 Techniques mixtes 143 x 160 x 38 cm Collection Frac Limousin Inv. 199555 © F. Magnoux, Limoges

Comme pour «The Freak Show», cette appropriation d’une scénographie particulière, sans écarter le plaisir et le jeu, permet de soulever un certain nombre de questions importantes quant à l’art, son histoire et sa présentation. Dans l’espace du Muséum d’histoire naturelle, les spécimens sont par exemple présentés naturalisés. Qu’en est-il des oeuvres dans les musées d’art ? Quel est le «milieu» naturel de l’art ? L’art est-il présenté dans le musée comme un ensemble d’objets «naturalisés» – coupés de leur milieu originel, et rapportés dans un milieu artificiel ? Ou bien l’espace du musée est-il justement l’espace naturel de l’art ? Y a-t-il un art à l’état sauvage ? Y a-t-il un «dessein intelligent» à l’oeuvre dans son évolution, ou bien est-il une succession de mutations ?

Dans la suite logique de la thèse développée en fi ligrane dans «The Freak Show» — qui sous-tendait que l’art, depuis l’ère moderne, avait privilégié l’anormalité et la différence — le rejet de la règle, des conventions sociales ou artistiques, leur remplacement par la recherche d’un ailleurs culturel (autres civilisations, inconscient, enfance...) transparaîssent également dans «N’importe quoi». L’affirmation de la différence et la quête de l’anormalité ont constitué un principe essentiel des mutations de l’art moderne au cours de son histoire. L’art serait-il la revanche de l’inadaptation ? A l’inverse de la sélection naturelle biologique, l’une des suggestions faites par ce contexte de présentation est que le processus de sélection naturelle de l’art depuis l’ère moderne ne retient que l’anormal, à l’inverse du schéma évolutif normal. «La survie des plus aptes», en art, devient celle des misfits, des inadaptés socialement. Ce qui triomphe en art est ce qui est le signe de l’échec dans la société normale.

A l’âge classique, l’art parlait du monde sans lui appartenir, ou du moins affectait d’être une activité supérieure, détachée de la vulgarité du quotidien. Depuis l’époque moderne son propos a été largement modifié. L’homme, la raison ou l’Occident ne sont plus désormais seuls au centre de l’univers, l’art n’est plus un monde idéal ou sacré, mais une activité séculaire. Ni au-dessus, ni en dehors, il fait partie du monde, et c’est peut-être dans ce dernier qu’il faut chercher la source de ce sentiment de «n’importe quoi».

John Miller
John Miller, A place in the sun, 2003 Installation avec deux photos montées sur panneaux (175x61x13 cm et 162,5x61x13 cm env) - + deux globes polystirène, acrylique et plâtre (81 cm de diamètre chaque) Courtesy Galerie Praz Delavallade, Paris

Les différents artistes choisis pour participer à l’exposition l’ont été en fonction d’une parenté avec l’héritage moderne, fil conducteur de l’exposition. Le but ultime de la classification des espèces selon Darwin était la généalogie : découvrir une ascendance commune aux espèces étudiées. C’est aussi une des fins de l’exposition que de suggérer, par la scénographie évoquant celle d’un museum d’histoire naturelle, la filiation de l’art d’aujourd’hui à ses ancêtres communs modernes.

La révolution moderne n’est pas simplement une révolution formelle, c’est aussi, et peut-être surtout, une révolution dans le contenu de l’art. L’expression «n’importe quoi» qui ramasse les sentiments de rejets à l’encontre de l’art moderne et contemporain, est liée à ce bouleversement dans le choix des sujets : des sujets banals, des scènes de la vie quotidienne, des objets sans valeur, des portraits d’anonymes, du peuple ou de la bourgeoisie, en rupture avec les valeurs aristocratiques de l’art néo-classique. C’était cela que représentait l’Impressionnisme et le Réalisme, et les différents courants de l’art moderne qui ont suivi, comme Dada, le Nouveau Réalisme, le Pop Art, l’art abstrait (ou plus justement «concret») ont accentué cette insistance sur le trivial, le vulgaire (au sens de «commun»).

En ce sens, il est particulièrement intéressant par exemple, d’inclure des tableaux d’Olivier Mosset, car ils représentent une sorte de point de jonction entre deux traditions «réalistes», abstraite et figurative. Art «concret», l’art abstrait ne représente que lui même : il est cette chose toute bête à regarder pour elle-même, ne renvoyant pas à un au-delà idéel. Et dans le même temps, depuis environ 20 ans, l’art de Mosset flirte avec l’idée d’une abstraction «trouvée», autrement dit readymade, sans l’être tout-à-fait. Les formes, les couleurs qu’il emploie, sont reprises de motifs réels. La série de monochromes, ici exposée, a exactement le format de portes : portes banales, objets du quotidien.

Fabio Viscogliosi
Fabio Viscogliosi, Que Sais-je?, vue de l’exposition à La Salle de Bains, 2008

Certaines oeuvres - Eric Duyckaerts, Fabio Viscogliosi - ont été sélectionnées en raison de leur propension à développer un apparent éclairage scientifique en relation avec le propos de l’exposition et sa mise en scène originale.

Parmi les autres oeuvres choisies, certaines rusent aussi avec l’idée du «n’importe qui» associée à cet art du « n’importe quoi », art que «n’importe qui» aurait pu faire (vous, moi, un enfant, dans une logique du readymade ou de l’art brut) - Martin Creed, Rachel Harrison, Bertrand Lavier, Haim Steinbach, Lili Van der Stokker, B. Wurtz... - ou bien au sens du retournement de ce préjugé : le «n’importe quoi» devenant l’affaire de «pas n’importe qui» (Philippe Cazal).

Avec aussi Olivier Babin, Claude Closky, Sigmar Polke, Peter Saul, etc.



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